« Intégrer la complexité est la clé du progrès »

Après la vidéo d’une intervention de Joël de Rosnay à France Inter sur le Bio-hacking 2.0 (lien perdu au milieu de ce post), on peut retrouver ce cher papi dans un récent article paru dans le magazine Clés et disponible en ligne par ici : www.scenarios2020.com/2010/09/intégrer-la-complexité-est-la-clé-du-progrès.html

Intégration, cultures émergentes, révolution, complexité qui ne l’est plus, vision globale, épigénétique, digital-natives…

Cette fois encore il vaut le détour.

« La synthèse de tout », comme j’aime à dire 🙂

« Does Your Language Shape How You Think ? »

Ne vous êtes vous jamais demandé pourquoi on disait « une chaise » ?

Un article du NY Times intitulé « Does Your Language Shape How You Think ? » rend justement compte d’une étude faite sur le sujet, et plus exactement sur l’influence de notre langue maternelle sur la manière de penser ou les habitudes quotidiennes.

La sage conclusion corrige ainsi l’idée qu’une langue nous « enfermerait » à cause du manque de vocabulaire pour décrire une chose, mais au contraire nous influence via ce qu’elle nous « oblige » à faire.

Il est donc intéressant d’apprendre que pour un anglo-saxon, il parait curieux de spécifier un genre aux objets inanimés. Tandis que cette habitude va nous faire inconsciemment attribuer des caractéristiques, en fonction de notre langue… ainsi pour la voix d’une fourchette dans un dessin animé un français lui verrait plutôt une voix féminine quand un espagnol lui accorderai une voix bien grave (el tenedor); et en Allemand on prêterai au mot « pont » (fém.) une certaine élégance quand en Espagne (masc.) ce serait plutôt sa force.

Outre le développement de cette sensibilité, il y a d’autres exemples auxquels on ne pense pas toujours.
Celui du « repérage » est particulièrement développé : si l’on à l’habitude de s’orienter avec un système égo-centré en disant gauche/droite/etc. il existe en revanche plusieurs langues (notamment un aborigène) basée sur un système cardinal nord/sud/est/ouest…

Et c’est loin d’être sans conséquences.

Imaginez que l’on ne vous indique non plus d’aller « tout droit, puis à gauche » mais de prendre « le nord puis l’ouest ». Dans ce système on ne pourrait désigner vôtre « pied droit », il faudrait préciser dans quelle direction est celui-ci. Et ca peut encore donner « le tiroir occidental dans la table du sud« …

Ceci peut changer fondamentalement l’expérience que nous avons du monde, car quand ils constataient que leur chambre d’hôtel avait exactement le même aménagement (lit contre le mur, table de chevet à droite, télévision à tel endroit etc.) que la chambre d’en face, pour leur ami aborigène tout était inversé et donc absolument différent.
Du coup quand ce dernier raconte une histoire qu’il a vécu, même à plusieurs années d’intervalles, il a parfaitement mémorisé de quel coté du bateau il a sauté et le geste qui accompagnera sa phrase sera correctement orienté peu importe le sens dans lequel il se trouve.
Et quand il pointerait le doigt vers lui, l’auteur s’amuse de voir que l’on penserait qu’il veut attirer l’attention sur sa personne, alors qu’en fait il désigne la direction derrière lui, « comme si il était transparent, quelque part naturellement conscient d’être insignifiant à l’échelle du monde » (c’est beauw).

Apprendre une langue c’est comme changer, ou plutôt ajouter, un de point de vue, toujours enrichissant, alors imaginez maintenant les possibilités qui s’ouvrent à chaque fois (ou la confusion que ça peut engendrer). Il y a plein d’autres exemples mais en tout cas je me vois bien essayer celui du changement de repère… ^^

Un excellent article à lire ici : http://www.nytimes.com/2010/08/29/magazine/29language-t.html

Réflexion d’un matin, projets d’avenir

Aujourd’hui je lis encore des articles sur les FabLab, notamment un compte-rendu de la conférence Lift10 : Changer le monde (réel) par le Web !

Et tout se mélange avec les projets d’avenir, sauver le monde, ne pas se laisser corrompre, comment faire du bon design et en vivre, toussa…
En prenant soudain conscience que: « hey mais mince, et si être designer-intégré à un FabLab c’était ça l’idéal ? » 😀

Non plus au service de l’industrie, mais directement des gens…

Aller, explorons un peu cette « utopie »:


Un monde qui aurait presque tourné la page de la production de masse, en lieu et place de cela on trouverai un peu partout des FabLab dans lesquels on irai faire soi-même ou accompagné n’importe quel objet dont on aurait besoin, mais aussi chercher, essayer, créer, inventer.

Ces espaces de créations serait également des lieux de vie sociale, comme la place du village autrefois, on y croiserai les abonnés fidèles (les piliers de comptoir du DIY), les casu venant faire un check-in juste pour la connexion internet et essayer de bouter le mayor local sur Foursquare (si ça existe encore), les curieux qui ont vu de la lumière, entendu de la bonne musique, et on passé le paillasson disant « This place is fantastic because of you« , ou encore madame Michu qui vient faire recycler les sandales de sa fille pour lui faire une nouvelle paire plus jolie et une taille au-dessus. Sans même parler des hackers, bidouilleurs, artistes, et tout le joyeux monde qui s’éclaterait par ici.

Dans cette structure, disons associative-à-but-non-lucratif et fonctionnant sur le même modèle économique que les Hackerspaces déjà existant (abonnement au mois ou à la journée donnant accès à tout ce qui est mutualisé), un designer intégré au FabLab pourrait autant y jouer le rôle de conseiller (avant/pendant/après la conception ou sans trop intervenir pour que l’on puisse apprendre de ses erreurs ou faire un truc inattendu potentiellement utile pour autre chose), que chargé d’un projet particulier pour la collectivité, ou participer à tout sujet de réflexion qui se présente.
L’application concrète d’une forte polyvalence du « penser/faire », directement au service des autres et de manière pédagogique, c’est en tout cas comme ça que je conçois mon métier.
(ainsi ça serait peut-être plus sympa et plus simple que de travailler en indépendant avec un système proche de la licence globale pour la musique… ce qui était une autre réflexion précédente)

Et loin d’être un lieu unique, on en trouve de part le monde entier. Ce qui permettrait de faire des échanges façon un peu « erasmus » et voyager/travailler dans les autres FabLab pour s’enrichir des rencontres dans cette grande communauté.
La bataille pour la Neutralité du Net ayant été gagné entre-temps (on espère), tout peut évidemment se retrouver en ligne et les projets/recherches des uns peuvent être suivis par les autres, qui pourront peut-être s’en inspirer ou y apporter leur pierre.

On serait enfin libre de refaire le monde, littéralement cette fois.
C’est un moyen de réaliser le « small/connected+local/open » (je vous renvoie à ce précédent post et une vidéo qu’il faut absolument voir: Ezio Manzini : Design for social innovation and sustainability)

Utopique vous trouvez ? Hey pas tant que ça, en fait ça existe presque déjà :p

En tout cas j’aimerai que ça soit mon job… je me rend compte que ça serait le cadre de travail rêvé pour le designer un peu geek et idéaliste que je suis.
(un peu comme quand on passait nos journées à l’atelier du lycée Jean Perrin, jusqu’à ce que les gardiens nous mettent dehors parce qu’il est 19h et qu’on à pas vu le temps passer)

Et vous savez quoi, si on ne trouve pas un tel endroit merveilleux et bien avec vous (oui toi, et puis toi, et toi la aussi) et ben on le fera (les projets de Fablab arrivant tout juste en France).