Design Justice : repolitiser le design

Hier soir je lisais cet article du même titre qui attendais depuis longtemps sur ma pile.

J’ai apprécié d’y retrouver des préoccupations qui m’intéressent, ou en tout cas de partager une bonne partie des revendications ou principes évoqués. Un peu comme quand je lisais « Design for the real world, human ecology and social change » (V. Papanek, 1971) il y a une dizaine d’année et que je me disais « c’est exactement ça! ». Cet article est une bonne synthèse des influences militantes actuelles dans la conception.

Bref, à lire et à garder sous le coude comme référence, l’exercice de la synthèse revenant régulièrement. Ces derniers temps, je réfléchis justement beaucoup à comment mieux présenter cet aspect politique de la technologie, dans le déroulé des visites du FabLab du Dôme (pas facile de mentionner tout les trucs importants en seulement 30 minutes même si c’est déjà pas trop mal).

Viva la réplicaciòn !!

Joyeuse révolution astrale (terre-soleil) à toutes et a tous !

Après être rentré dans notre -pas si glaciale pour la saison- région nord-est, commencé à préparer le déménagement du GsiLab, l’imminente inauguration des locaux d’Open Edge, et mille et une petite choses… ce soir je tenais à partager un petit point d’avancement dans la conception de mes RepRap (FoldaRap, Mondrian, KosselM), qui partagent toute un trait caractéristique : celui de remplacer les coûteux éléments de guidage linéaire par de simples pièces en plastique glissant directement sur les profilés en aluminium de la structure de la machine, de quoi faire d’une pierre six coup, simplefficace quoi.

Dans la poursuite de cette machine partiellement auto-réplicante, nous venons donc de progresser notablement, en intégrant au système minimal mentionné ci-dessus le fait de remplacer la courroie (PU+metal ou Neoprene+metal, bof pour le recyclage et une production majoritairement à l’autre bout du monde) par un pignon et une crémaillère fabriqués à l’aide de la même RepRap.
On me dit parfois encore que « ça ne va pas marcher », mais c’est d’autant plus un plaisir d’explorer ces voies 😛

Fini sournoises courroies, bonjour belles crémaillères !
Actuellement en test depuis quelques semaines sur ma fidèle FoldaRap #000, ce principe pourrait à nouveau se transposer sur les modèles conçu avec la même base, et ça c’est super pratique 🙂 (modularité powa).

Viva la réplicaciòn !!

(plein d’autres photos/vidéos à venir à mesure que je rattrape mes uploads)

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En plus on y intègre même un système d’ajustement maintenant.

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on enlève donc
1 poulie alu
1 courroie néoprene
2 roulement à billes
4 longues vis

on ajoute à la place
1 pignon PLA
1 crémaillère PLA
4 petites vis

bon par conséquent il faut recalibrer l’axe X mais ça ne change presque rien 🙂
(76.4 « pas par mm » au lieu de 80.4)

[édit] évidemment toutes les FoldaRaps peuvent être « mises à jour » vers cette nouvelle version, il suffit de changer des pièces imprimées et de remplacer quelques vis ^^

Open source is Permaculture

Finalement voici sans doute le nom du modèle qui englobe tout les sympathiques mouvements qu’on aime bien associer dans la grande Transition actuelle (dont AMAP+Sharing+3ème révolution industrielle, Do-it-yourself, open-source, Makers,…)

image trouvée via prise2terre et une rapide recherche sur « permaculture »

C’est une petite réflexion qui m’est venu ce matin en lisant le dernier Kaizen n°8 (très bon magazine en passant), et surtout son dossier sur la permaculture. L’article sur fr.wikipedia n’est d’ailleurs pas à jour car il ne désigne plus seulement une méthode d’agriculture permanente, mais de culture/société/civilisation permanente (où le centre Songhaï serait un prototype exemplaire à l’échelle d’un grand village en réseau avec d’autres centres similaires 1, 2).

Ça peut paraître évident une fois qu’on l’énonce, mais sur le coup je me suis dis « tient en effet ce sont des principes qui peuvent s’appliquer à bien d’autres secteur que celui de l’agriculture » : on partagera le même postulat que tout est lié et que le design c’est concevoir les relations entre les choses (cf).
De manière à ce que l’ensemble du système soit le plus efficace/agréable/durable/etc. où l’on cherche seulement à faire aussi bien que la Nature, sans devoir attendre pour autant des millions d’années d’itérations et de sélection naturelle.

Justement, si les principes de l’open-source sont en train de s’imposer c’est qu’ils vont dans le même sens et qu’ils constituent des systèmes hyper-efficients (et ils vont s’imposer partout, simplement car ce sont des principes faciles à comprendre, et où se croisent intérêt individuel/général, au risque de faire un peu de dichotomie c’est valable même du point de vue des « gros pourris capitalistes » qui vont indirectement se transformer en des entités un peu moins malfaisantes, ce qui ne serait pas plus mal, mieux vaut les faire muter, autrement ils chercheraient à résister à leur disparition coute que coute) :

Économe en ressource
Principe du moindre effort powa : « 80% des efforts sont fait au départ pour produire un premier système, 20% suffisent ensuite pour le maintenir et le faire évoluer ».

Si il y a une chose que l’on devrait utiliser avec parcimonie c’est le temps et notre énergie, qui nous limitent bien plus que n’importe qu’elle autre ressources (même le symbolique pétrole pourrait se reconstituer une fois nos organismes dégradés sur quelques milliers d’années).

Ça tombe bien tout est un remix de l’existant quelle idée alors de toujours tout ré-inventer ? (ou prétendre que l’on crée à partir de rien).

En partageant toute les connaissances produites sans en empêcher leurs utilisations par d’autres (bouh les brevets!) on construit et alimente un bien commun. Et en mutualisant tout nos efforts on dégage alors une somme considérable de temps/énergie (d’autant plus efficace quand catalysé autours d’un projet, comme pour la wikispeed).
Toute cette créativité va donner lieu à une multitude de propositions d’idées, d’itérations, qui à l’épreuve du public vont survivre et se diffuser (cf la théorie des mèmes) ou non (ce qui me fait dire qu’on retrouve un principe de sélection naturelle, accéléré par la vitesse des communications et Internet).

Je prendrais encore une fois le projet RepRap comme merveilleux exemple de tout cela. En ayant donné naissance à une quantité d’initiatives, de projets, d’entreprises, etc. uniquement du fait de partager des briques de connaissances que chacun peut ré-assembler à sa guise (quelqu’un me disait que c’était souvent propre à l’approche hacker que de voir le monde et les objets comme un ensemble de briques re-configurables, on garde ce qui est bien et nous intéresse, on change le reste).

J’ajouterais volontiers un point « collaboratif » mais en précisant que c’est de manière stygmergique (1,2), pas besoin de grande organisation hyper carré, chacun bosse dans son coin ou avec d’autres.
Dans ce gros chaos créatif le fait de tout partager permet de collaborer de manière indirecte et asymétrique, à la hauteur de ce que chacun peut/veut faire, tout le monde s’inspirant de tout le monde 😀

Résilient
Une idée partagée se multiplie (au lieu de se diviser).

C’est l’avantage de l’immatériel, on crée ainsi une abondance (qui va permettre de générer d’autres idées et faire une sélection) et par conséquent elle aura plus de chance de survivre, c’est aussi une manière simple de se protéger, il est plus difficile de couper une forêt qu’une brindille, voir même peut avoir l’effet inverse (cf).
(en restant dans le thème tout en divergeant un peu, j’aime bien terminer toutes mes présentations en racontant que si je consacre autant de temps aux tiers-lieux de fabrication (fablabs & co), déjà c’est parce que j’aime ça, mais aussi parce-qu’à long terme c’est simplement une question de survie: ils contribuent à augmenter la résiliences des communautés en nous rendant un peu plus autonome).

Il y en aurait sans doute d’autres à relever, mais ce sont ces deux principaux attraits je voyais dans l’open-source (ressources/résilience) qui me font maintenant dire que ce sont des manières de créer et partager qui s’inscrivent naturellement (huhu) dans une idée de permaculture.

Et il n’est pas bien difficile de s’y mettre, pas à pas, kaizen 😉

(on bascule pas dans l’open-source du jour au lendemain, ça se fait progressivement à force de s’en nourrir, « kaizen » étant justement une méthode de changement par petits pas)