RepRap // Champagne et bilan

Santé ! Bon je n’avais que de l’eau pour trinquer, mais en tout cas voici le fameux mini-mug, test ultime de calibration pour une imprimante-3D fait maison.

Mini-mug suffisamment précis pour être étanche

Petit retour sur les dernières impressions :

17-18 : Enthousiasmé par le résultat précédent j’ai voulu tenter le mini-mug. Avec une vitesse d’impression de 1200 (mm/min) et une pression manuelle constante sur le fil, la précision est au rendez-vous et c’est impressionnant. On dirait que la machine chante quand elle enchaîne les courbes.
Seulement à cause du film la pièce se décolle juste avant la fin de l’impression (90%).

Pour être sur que ça vient bien du film je recommence mais avec une pièce fine ayant une plus grande surface de contact (wade horizontal mount).
Celle-ci se termine, avec les même paramètres la qualité, et est pas mal, mais la pièce souffre encore plus du manque de tension du film.

Un coup de colle repositionnable plus tard le film est bien plat (et comme ça on pourra le changer, également au cas où la colle, résistant à 80°C max, poserai problème quand le fil à 200°C se dépose).

Nouveau mini-mug, mais avec d’autres paramètres pour voir, une vitesse de 1000mm/min mais sans la pression constante sur le fil (sauf au début). Comme on le voit sur l’image au-dessus la différence entre avec ou sans pression est flagrante, la résolution est beaucoup plus irrégulière sur le second. Par contre ce qui ne se voit pas c’est que la pièce à un fond bien plat et l’impression a pu se finir à 100% 🙂

Film tendu VS film collé

En voyant la vitesse du flux de l’extrusion pendant la phase de purge je me dit qu’il doit être possible d’imprimer bien plus vite (puisque j’assiste le fil).
Et bonne nouvelle, avec le soutient l’impression #20 est d’excellente qualité même à 1800mm/min (étant plus rapide, c’est également moins fatiguant)!
On va donc pouvoir commencer à imprimer de vrai pièces, améliorer progressivement la machine et préparer des kits pour monter d’autres imprimantes (mouahahah vive la réplication).

Vue d’ensemble des 20 premières impressions-3D 🙂
Bilan :

La morale de ce projet c’est que tous les détails comptent.
Il faut que tout soit parfait pour avoir une bonne qualité d’impression.

La dernière étape m’a fait revoir légèrement à la baisse le degré d’accessibilité de l’imprimante. Si le montage n’est pas bien plus complexe qu’un gros légo, ajuster la machine (et plus particulièrement l’extruder) sera d’un autre niveau et demandera pas mal de persévérance pour trouver ce qui ne va pas et chercher une solution.

Une chose qui est rarement précisé également : en fonctionnement la machine est un peu bruyante, on ne l’entend pas trop dans les vidéos mais heureusement ça reste du niveau d’un gros scanner (grâce à la gen6 board).

Au final, voila environ 5 mois qu’avait débuté ce projet, et l’imprimante m’aura coûté à ce jour exactement 680,98€. Surtout à cause des frais de ports des multiples commandes nécessaires pour tout rassembler, c’est moins élevé que ce que j’ai pu voir ailleurs mais si vous envisager de monter une RepRap il est donc possible de faire mieux.

En tout cas ça en valait largement le coup, pour les choses apprise, le plaisir du montage et de la pratique, et puis surtout, maintenant j’ai un outil de prototypage/fabrication rapide sur mon bureau et ça c’est incroyable.  

Bienvenue dans la IIIème révolution industrielle !

De nombreuses choses vont changer, il en reste encore beaucoup à apprendre et inventer mais j’ai l’impression que chaque jours on se rapproche un peu plus du monde décrit par Cory Doctorow dans Makers, peut-être bien le prochain paradigme… du coup autant l’anticiper (hop un peu de pub pour cet autre article écrit sur le blog de @Moiraud, professeur de gestion à Lyon mettant justement les TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) en pratique au service de l’enseignement, aller voir tout le reste, la classe numérique vaut le détour ;-).

Voila donc pour le dernier post de cette série consacrée au montage pas à pas et à la mise en route de l’imprimante-3D RepRap. La suite continuera évidemment avec le tag « reprap » au fil de l’évolution.

Pour les prochain grands projets, j’aimerai bien m’attaquer à Processing, faire un peu d’Arduino, ouvrir un Fablab… mais on est pas pressé (déjà si j’arrive à trouver un financement pour une thèse sur le sujet ça sera chouette) ^^.


Chronologie de cette série de posts :
Reprap, the beginning
Rassemblement des pièces
Préparation des pièces
Montage de la mécanique : axe X / axe Z / axe Y / cadre / extrudeur « wade »
L’électronique : one board to rule them all
Configuration, vérification (+fin de l’extrudeur)

Calibration et premiers tests
Champagne et bilan…

NancyLab

Travail pour le cours de Création technique et Arts, où l’on doit imaginer un objet d’entreprise, comme prétexte pour nous faire dessiner (mais avec quand même pas mal de contraintes pour que ça entre dans cette catégorie d’objet).

Et tant qu’a faire j’ai choisi de prendre l’hypothétique futur Fab Lab de Nancy comme « entreprise », histoire de poursuivre une précédente réflexion.

Pour commencer il fallait justement parler de notre entreprise, puis résumer une page en 3 phrases, puis 3 mots :

Un objet d’entreprise

J’aime beaucoup ce sujet de travail car il est l’occasion pour moi de projeter une sorte de concrétisation utopique de ma passion actuelle pour les Fab Lab. Explorons donc le contexte dans lequel on se situe…

Un monde qui aurais réussi à tourner la page de la « production de masse », en lieu et place de cela on trouverai un peu partout ces fameux Fabrication Laboratory. Véritable icone de cette IIIème révolution industrielle, ces lieux mettent la science et les outils de productions à portée de tous. On peut donc venir y faire soi-même, ou accompagné, n’importe quel objet dont on aurait besoin, mais aussi chercher, essayer, créer, inventer…

Avec l’expansion urbaine, la zone industrielle, autrefois reléguée en périphérie, est à présent au coeur du dynamisme de la vie locale. C’est dans un ancien hangar désaffecté que prend place aujourd’hui le FabLab de Nancy. Le batiment a évidemment été mis aux dernières normes en vigueurs, mais il conserve néanmoins le charme de son passé : un sol de béton, brut, irrégulier, impecablement lisse dans certaines zones et complètement rongé ailleurs ; les enfractuosités retenant les copeaux et autres poussières on aura pris soin de recouvrir les zones ateliers avec un lino vert plus commode à l’entretien, un coup de balais et hop. Le soleil en aura quand même cuit les bords au fil des saisons, la longueur sud du batiment étant parcourue de hautes vitres donnant sur un nouveau jardin. Les arbres n’ont pas encore étendues leurs branches assez loin pour filtrer toute la lumière, mais cette tranquille verdure contraste agréablement avec le chaos et le bruit qui s’échappe de l’intérieur.
Squellete rouillé d’un immense animal marin qui se serait échoué ici à une autre époque, la charpente métallique résonne de ses milliers de rivets mais ne bronche pas, renvoyant l’écho de l’activité qui fourmille en son sein.
Les cris joyeux des enfants, les crayons qui rêvent et tracent des plans, la matière qu’on coupe, brûle, éttire, plie, malmène au gré des expériences. Les projets qui prennent forme, ceux qui tombent à l’eau, d’autres qu’il faut recommencer, et toujours le même enthousiasme.

Ces espaces de créations serait donc également des lieux de vie sociale, pronfondément vivants, comme la place du village autrefois.
On y croiserai les abonnés fidèles, les piliers de comptoir du Do-It-Yourself et leurs précieux conseils, les « casu » venant faire un check-in juste pour la connexion internet et essayer de bouter le mayor local sur Foursquare, les curieux qui ont vu de la lumière, entendu de la bonne musique, et on simplement passé le paillasson disant « This place is fantastic because of you », ou encore madame Michu qui vient faire recycler les sandales de sa fille pour lui faire une nouvelle paire, plus jolie et une taille au-dessus. Sans même parler des hackers, des bidouilleurs, des artistes, et de tout le joyeux beau monde qui s’éclaterait par ici.
Dans cette structure, disons associative-à-but-non-lucratif et fonctionnant sur le même modèle économique que les Hackerspaces déjà existant, un designer intégré pourrait autant y jouer le rôle de conseiller (avant/pendant/après la conception ou sans trop intervenir pour que l’on puisse apprendre de ses erreurs ou faire un truc inattendu potentiellement utile pour autre chose), que chargé d’un projet particulier pour la collectivité, ou participer à tout sujet de réflexion qui se présente.
L’application concrète d’une forte polyvalence du « penser/faire », directement au service des gens et de manière pédagogique, c’est en tout cas comme ça que je conçois mon métier.

Et justement, aujourd’hui, la petite communauté ayant atteint une taille un peu plus respectable, on ma demandé de concevoir une sorte d’objet, qui serait l’expression de l’esprit des lieux.
Entre le blason qu’on serait fier de posséder et une carte de visite que l’on aimerait offrir, pour attirer d’autres personnes ou promouvoir le FabLab. Il ne va pas être simple de matérialiser l’essence de tout cela, mais ça promet d’être sympa.
La référence à la culture steampunk pourrait être judicieuse, avec le parallèle historique suivant : après une sombre période l’ingéniosité humaine s’est réveillé, et la fascination des techniques nouvelles laisse rêveur quand aux merveilles qu’elle rend possible, promettant une seconde Renaissance.
Parmis ces techniques il y a notamment l’impression 3D, par dépot de fil (ayant bientôt achevé mon imprimante , pour ce qui concerne la réalisation). Je ne suis pas véritablement arrêté sur ce point, mais il
me semble que c’est un point de départ intéressant, au croisement de toute les contraintes.
On pourrait développer une esthétique particulière en jouant avec les caractéristiques propres à cette technique de fabrication : texture, stratification, mais également des formes et constructions impossible à réaliser autrement. Il y a moyen de pousser ceci très loin (accroche de la lumière, diffusion selon l’orientation du fil, translucide, opaque, etc). Ce qui en soi démontrerait un savoir-faire, mais donnerait également toute l’identité de l’objet, à la fois original et fascinant par cette esthétique de la technique.
Sans oublier le logo du FabLab. D’ailleurs, et si le logo (puisqu’il n’existe pas encore) et l’objet ne faisait qu’un ?
L’objet serait également de petite-taille, tenant facilement dans la main (pas plus gros qu’une pomme) et ça tombe bien car le volume de la machine ne dépasse pas 20x20x14cm.
L’estime de l’objet découle donc pour une bonne part de sa technique de fabrication, mais son éventuel usage/mécanisme n’est pas encore fixé. La fonction qu’il remplirait serait plus futile que véritablement utile, témoignant du coté amusant de fabriquer ses propres objets… ou tout autre trucs un peu marrant qui fait *schboing* (en essayant de ne pas tomber dans le kinder surprise quand même).
En lien direct avec l’esthétique steam-punk on pourrait retrouver des rouages, pignons, et autres assemblages merveilleux, à la frontière du bijou, de l’horlogerie d’orfèvre.
Ou bien au contraire le mécanisme pourrait être complêtement invisible, intégré à la matière elle-même, selon la souplesse, sa forme, structure, etc. Léger, délicat, pouvant apparaitre comme fragile mais pourtant résistant, manipulable sans craintes (« un
bon objet ne s’expose pas il s’utilise » disait Hans Guggelot, tout comme ici on n’a pas peur de faire un peu de poussière en travaillant ou tout déplacer s’il le faut).
Avec le temps il est possible que l’objet se décolore (dépend du/des plastique(s) choisi) s’use ? Il serait bien que ce phénomène ne soit pas tragique, mais au contraire (si possible) pensé pour que l’usage et le temps lui donne plutôt un certain charme. C’est peut-être cela qui permettra à tout le monde de s’approprier différemment ce même objet.
Dans tout les cas j’aimerai qu’il reste relativement simple (mais pas simpliste), convenant d’autant mieux avec l’abscence d’électronique que la « bonne vieille mécanique » à ce coté rassurant de ne jamais tomber en panne, d’être increvable ou au pire de pouvoir être réparée…
Pour le choix de la matière : de nombreux plastiques s’offrent à nous, mais le PLA serait peut-être l’idéal, étant à la fois recyclable et biodégradable (cette dernière caractéristique pourrait rejoindre l’idée d’usure).
En une seule pièce ? Objet-modulaire ? Objets-module, pouvant former une structure plus grande ? On pourrait aussi introduire une variation à chaque pièce (pas mal pour l’idée d’association, unique, des gens).

En 3 phrase :
Une sorte de truc, machin, bidule, gizmo, gadjet mais qui ai du sens.

À la fois complexe et simple, astucieux par cette mécanique et son usage.

Et (peut-être le plus dur), qui ferait la synthèse du potentiel de cette technique d’impression 3D.

En 3 mots : « bidule, astucieux, imprimé »

Pour l’éventuel imprévu, le pire serait que la machine tombe en panne, auquel cas il devrait quand même y avoir moyen de se débrouiller à la main (découpe simple, empilement de strates…), en faisant appel pour l’occasion aux membres du FabLab (on aurait donc une issue de secours pour pouvoir dans tout les cas produire au moins un exemplaire de notre fameux objet).

C’est pas facile quand on voit tout les bidules qu’on peut déjà trouver sur Thingiverse, mais on verra bien ^^

Réflexion d’un matin, projets d’avenir

Aujourd’hui je lis encore des articles sur les FabLab, notamment un compte-rendu de la conférence Lift10 : Changer le monde (réel) par le Web !

Et tout se mélange avec les projets d’avenir, sauver le monde, ne pas se laisser corrompre, comment faire du bon design et en vivre, toussa…
En prenant soudain conscience que: « hey mais mince, et si être designer-intégré à un FabLab c’était ça l’idéal ? » 😀

Non plus au service de l’industrie, mais directement des gens…

Aller, explorons un peu cette « utopie »:


Un monde qui aurait presque tourné la page de la production de masse, en lieu et place de cela on trouverai un peu partout des FabLab dans lesquels on irai faire soi-même ou accompagné n’importe quel objet dont on aurait besoin, mais aussi chercher, essayer, créer, inventer.

Ces espaces de créations serait également des lieux de vie sociale, comme la place du village autrefois, on y croiserai les abonnés fidèles (les piliers de comptoir du DIY), les casu venant faire un check-in juste pour la connexion internet et essayer de bouter le mayor local sur Foursquare (si ça existe encore), les curieux qui ont vu de la lumière, entendu de la bonne musique, et on passé le paillasson disant « This place is fantastic because of you« , ou encore madame Michu qui vient faire recycler les sandales de sa fille pour lui faire une nouvelle paire plus jolie et une taille au-dessus. Sans même parler des hackers, bidouilleurs, artistes, et tout le joyeux monde qui s’éclaterait par ici.

Dans cette structure, disons associative-à-but-non-lucratif et fonctionnant sur le même modèle économique que les Hackerspaces déjà existant (abonnement au mois ou à la journée donnant accès à tout ce qui est mutualisé), un designer intégré au FabLab pourrait autant y jouer le rôle de conseiller (avant/pendant/après la conception ou sans trop intervenir pour que l’on puisse apprendre de ses erreurs ou faire un truc inattendu potentiellement utile pour autre chose), que chargé d’un projet particulier pour la collectivité, ou participer à tout sujet de réflexion qui se présente.
L’application concrète d’une forte polyvalence du « penser/faire », directement au service des autres et de manière pédagogique, c’est en tout cas comme ça que je conçois mon métier.
(ainsi ça serait peut-être plus sympa et plus simple que de travailler en indépendant avec un système proche de la licence globale pour la musique… ce qui était une autre réflexion précédente)

Et loin d’être un lieu unique, on en trouve de part le monde entier. Ce qui permettrait de faire des échanges façon un peu « erasmus » et voyager/travailler dans les autres FabLab pour s’enrichir des rencontres dans cette grande communauté.
La bataille pour la Neutralité du Net ayant été gagné entre-temps (on espère), tout peut évidemment se retrouver en ligne et les projets/recherches des uns peuvent être suivis par les autres, qui pourront peut-être s’en inspirer ou y apporter leur pierre.

On serait enfin libre de refaire le monde, littéralement cette fois.
C’est un moyen de réaliser le « small/connected+local/open » (je vous renvoie à ce précédent post et une vidéo qu’il faut absolument voir: Ezio Manzini : Design for social innovation and sustainability)

Utopique vous trouvez ? Hey pas tant que ça, en fait ça existe presque déjà :p

En tout cas j’aimerai que ça soit mon job… je me rend compte que ça serait le cadre de travail rêvé pour le designer un peu geek et idéaliste que je suis.
(un peu comme quand on passait nos journées à l’atelier du lycée Jean Perrin, jusqu’à ce que les gardiens nous mettent dehors parce qu’il est 19h et qu’on à pas vu le temps passer)

Et vous savez quoi, si on ne trouve pas un tel endroit merveilleux et bien avec vous (oui toi, et puis toi, et toi la aussi) et ben on le fera (les projets de Fablab arrivant tout juste en France).