Convention des clubs APM

La semaine dernière avait lieu la 19ème édition de la convention des clubs de l’Association pour le Progrès du Management (APM), qui réunissait plus de 3000 personnes (essentiellement des dirigeants ou chefs d’entreprises) autour du thème « Renaissance : entreprendre, nouvelle voies » 🙂

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Album flickr : http://flic.kr/s/aHsjLBNnHs

Par défaut j’ai un mauvais à priori des personnes « haute placée », mais plus j’en rencontre en vrai et plus je me rend compte que au niveau individuel beaucoup sont des gens très bien, qui partagent le même constat que le système actuel est dans une impasse, mais ne savent pas toujours quoi faire et par conséquent sont ouverts aux alternatives et au changement (ce qui me rassure).

Par contre je suis toujours impressionné par l’organisation déployée en amont et durant les quelques jours de ce genre d’événement, pour réussir à prendre en charge tant de monde avec autant de soin…
Arrivé la veille j’ai eu le temps de me présenter bien en avance le matin pour installer le matériel sur scène, demander une table de plus, vérifier les micros, etc. :

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Avec comme nom « …Progrès du Management », et la thématique axée Renaissance, le public s’annonçait assez réceptif aux messages que nous venions porter, Emmanuelle Roux, Laurent Ricard et moi-même.
La séance plénière d’introduction confirma cette impression, et les premiers intervenants étaient même assez provocants 🙂

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Après une introduction bien minutée, le premier à parler sur scène était Christian Monjou, qui faisait des parallèles avec la Renaissance ; période historique qui à son époque avait du passer pour une crise d’une certaine ampleur, mais qui avec le recul nous parait aujourd’hui avoir été une source d’opportunités. Il ne tiendrait donc qu’à nous d’opérer le même basculement de point de vue pour « sublimer » nos capacités. Au coeur de cela, l’importance de la représentation que l’on se fait du monde et l’évolution de celle-ci m’ont semblés le plus intéressant. Les premières cartes étaient dessinées d’après des textes religieux « Noé ayant trois fils, le monde ne pouvait compter que trois continents », puis d’après des observations réelles qui ont conduits aux premières cartes géographiques, aux grands voyages et à la carte du monde actuelle. Qu’il suffit néanmoins de faire basculer à l’envers pour perturber tout le monde et faire prendre conscience que cette représentation communément partagée n’est qu’un point de vue, qui peu évoluer.

Puis Cynthia Fleury a approfondit la notion de courage, pour se redéfinir, « renaître », agir pour faire sujet, exister. Suivie par Serge Soudoplatoff (dont j’avais déjà vu plusieurs fois passer le nom sur twitter) qui est revenu sur un grand changement « faiseur et sachant ne font parfois plus qu’une personne » quand avant tout était déconnectés. Et quelques beaux exemples d’intelligence collective (le projet Fold’it) qui témoignent de la formation d’autres structures d’organisation a-pyramidales (« noosphere »).

Dans la continuité Jean-François Noubel a repris cette comparaison « chef d’orchestre/pyramide » qui donne par exemple un géant comme le paquebot du Titanic : impressionnant mais très peu résilient, l’erreur d’une personne peut faire couler un bateau complet, quand à l’inverse les organisations « holomidales » (hop encore un nouveau mot pour parler d’un fonctionnement en réseau) sont plus proche des « essaims » d’oiseaux. Se pose alors la question de se vivre comme faisant partit d’un tout, et il proposa un exercice très simple pour en faire l’expérience : en demandant à la salle entière de prendre une longue inspiration (là je me dis qu’on va prendre tout l’oxygène de la salle d’un coup), puis de faire une expiration. Le fait de respirer de manière consciente change déjà beaucoup le rapport à ses propre sensations, mais quand 3000 personnes le font en simultanée, on perçoit d’autant plus la présence de ses voisins et de ce tout que l’on forme.
Et en parlant de changement de paradigme, prendre le temps de respirer peut avoir des conséquence immédiates et très concrètes mis en perspective de nos codes sociaux. Dans une conversation les gens parlent et se coupent pour prendre la parole, car on suis le rythme du mental, rapide, alors que si (un peu comme l’adage disant « tourne sept fois la langue dans ta bouche avant de parler) on prenait le temps d’une respiration avant chaque réplique, on aurait sans doute un autre regard sur nos propre pensées. Pour expliquer cela il comparait le fonctionnement actuel de notre esprit et notre attention à une lampe torche que l’on utiliserait pour balayer le chemin dans une forêt la nuit : on voit très bien un point mais on est obligé de le déplacer très vite partout pour essayer de se repérer, alors que si on prenait le temps de s’habituer à l’obscurité et à faire avec la lumière des étoiles, ce n’est plus un point mais l’ensemble de la forêt devant nous que l’on apercevrait et il serait beaucoup plus simple de se déplacer. Il conclut par cette belle question : « et si la prochaine humanité se trouvait à une respiration de distance? »

Mais la bonne surprise de cette ouverture fut de découvrir Cesar Harada, jeune designer-entrepreneur, parler de son projet de drone pour nettoyer les océans. Open-source, crowdfunding, communauté globale, tout y était dans les éléments d’un modèle de projet qui émerge avec le partage de la connaissance 😉

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La suite durant les deux jours s’organisait sous forme d’ateliers, sorte de mini-conférence impliquant parfois les participants. Des centaines « d’experts » venait animer un atelier dont les thématiques diverses semblaient toutes prometteuses et intéressantes (arf cruelle impossibilité de ne pouvoir tout faire, encore pire pour nous qui faisions 4 représentation du même atelier sur les deux jours). Le notre s’appelait « Imprimante 3D : rencontre du 3ème type », animé par Jean-Louis Lavergne qui s’amusait de ce clin d’oeil à la référence cinématographique, et qui lui permettait de nous annoncer comme « trois extra-terrestres de trois génération différentes » (X, Y, Z) venu parler de fabrication additive, de FabLabs et d’open-source.

Durant l’atelier on parle en effet d’impression 3D et du potentiel de cette technologie qui semble merveilleuse, mais comme souvent ce n’est qu’un point d’entrée pour les attirer là, en réalité on va parler de principes qui vont bien au delà…
Après une mise en bouche des 1h30 qui vont suivre, Jean-Louis me passe la parole, et me voilà à raconter une fois de plus la particulière histoire de la FoldaRap et de comment j’en ai profité pour expérimenter d’autres façon de faire : l’open-source et le bien commun qui permettent à tous de démarrer avec quasiment aucun investissement, une conception ouverte pour qu’il n’y est pas que le résultat mais aussi tout le processus qui le soit, la mise en réseau de nos compétences, l’importance vitale de la documentation pour tout cela, mais aussi son effet publicitaire, un financement (évidemment) participatif, une fabrication qui devient distribuée, mélangeant le rôle des clients et des fournisseurs, et une vision de la multinationale pour le moins différente de la forme habituelle : moins de 10 personnes, une réplication en plein de groupes partout dans le monde. Vient ensuite Laurent, qui fait résonner son expérience chez des grand groupe comme Kodak et Thompson qui dès alors met en place des petites équipes agiles aux idées folles, malheureusement incomprises par ces géants aux pieds d’argiles qui ne réalisent pas les potentiels derrières tout ces produits avortés, qui auraient pu les sauver de l’extinction. Emmanuelle à la charge de donner une prise de recul à ce qu’on vient de leur raconter, de dé-zoomer pour montrer un mouvement plus large comprenant les fablabs, les makers et surtout que l’histoire semble être en train de se répéter, après l’informatique et Internet, ça recommence : une technologie se trouve aujourd’hui à portée du plus grand nombre, et encore une fois beaucoup de choses vont être remises en question (les révolutions étant plus sociales que technologiques ou industrielles).

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Après une phase de questions, il restait 30-45 minutes pour les participants, afin de leur permettre de réfléchir sur ce qu’ils venaient d’entendre, pour exprimer comment cela peut résonner avec leur propre métiers/contexte, proposer des idées, les enrichir entre eux et les exprimer à tous.
Pour terminer on nous demandait de conclure chacun avec une seule phrase, j’en suis revenu à une citation que j’aime beaucoup :

Innover, ce n’est pas avoir une nouvelle idée,
c’est arrêter d’avoir une vieille idée. 
(Hedwin Herbert Land)
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Entre ces deux jours intenses, le Mucem nous était réservé pour une soirée.

« Synthèse des nouvelles voies pour entreprendre »
La séance plénière de clôture était pas mal non plus, après quelques témoignages de personnes ayant entrepris différemment (abandonner un quotidien pour suivre une passion, pousser a recherche d’un ancien médicament trop simple pour intéresser les laboratoires d’aujourd’hui, etc.), Jacques Attali venait partager ses réflexions, j’avais déjà entendu plusieurs fois ce nom mais ne le rattachait à rien en particulier, dans mes notes je relis qu’il parlait de l’importance de l’empathie puis à propos des mutations actuelles (re l’entreprise n’est plus un orchestre avec son chef comme au XIXème) mettait en avant l’indispensable changement idéologique et des modes de pensée, que la posture d’être optimiste ou pessimiste resterait celle d’un spectateur, il faudrait remplacer les deux par la volonté de gagner (contre quoi?), être acteur, améliorer le monde.
Tout se finissait bien, mais l’impératif d’un train à prendre m’obligea à quitter le congrès plus tôt, et malheureusement dans l’escalator qui conduit du métro à la gare St-Charles, on m’a volé mon portefeuille… difficile rappel à la réalité, on a pas tous les mêmes préoccupations, déçu de ce comportement prédateur, tant de risque pour quoi ? Même pas dix euros, une carte bancaire et des papiers inutiles, mais pour moi des formalités administratives que je n’apprécie pas (au mieux disons que c’est l’occasion de faire le tri et changer ce vieux portefeuille, pourquoi pas m’en fabriquer un moi même), j’en serais même navré pour eux… on aurait pu s’arranger autrement, j’aurais pu volontiers leur laisser ma FoldaRap plutôt, leur montrer comment ça marche et, en leur rachetant les pièces qu’ils auraient produites, leur apporter bien plus. tss.

instagram

== à voir/lire/écouter ailleurs ==

live.convention-apm pour revivre les éléments marquant des ateliers
Le hashtag twitter : #conventionAPM
http://storify.com/Apm_stories

cesarharada.com/association-pour-le-progres-du-management-apm-marseille-france/

9 sites et plus pour s’auto-éditer en ligne

En voilà un titre racoleur, mais c’est des infos qu’il est toujours bon de connaître, parce qu’il existe a présent d’innombrables moyens de ne pas passer par la case « éditeur » et de toucher un chèque (qui sera probablement plus important qu’avec un éditeur).
(de faire réaliser une idée, éventuellement toucher un chèque, sans passer par la case « éditeur »)
et toujours mieux que rien.

Il est a noter qu’il y a d’autres moyens offline qui apparaissent, mais cette fois je ne vous parlerai que de ceux sur Internet :

viz make money online (http://www.fastcompany.com/1706973/how-to-make-money-on-the-web?)

Si des gens veulent acheter ce qu’on fait il faut pouvoir leur proposer une solution.

Du plus classique au plus intéressant :
Conception/fabrication/annonce/vente
Ebay
Etsy
Sell Simply

Site + Paypal (3,4% + 0,25€ par transaction) ex : design sojourn
A noter qu’on pourra vendre des pré-commande avec paypal

Dwolla : 25 cent par transaction (uniquement aux USA pour le moment mais actuellement le tarif le moins cher au monde)

Conception/annonce/fabrication/vente (déjà mieux puisqu’il n’est fabriqué/vendu que ce qui est commandé)
L’edito
Ponoko
Shapeways

Tandis que les diverses plateformes de crowdsourcing vont permettre de suivre plutôt un chemin du style concept/annonce+vente/mise au point/fabrication

http://www.crowdsourcing.org/document/crowdfunding-how-does-the-scene-stack-up/2840
http://www.designsojourn.com/ckie-com-a-crowd-funding-platform-that-empowers-designers-to-turn-their-designs-into-reality/
http://getitmade.com/

http://www.kickstarter.com/blog/diy-manufacturing
Quasiment 100 000 000$ en 2011, pas mal pour des particuliers 😛
http://www.kickstarter.com/year/2011

Et puis dans une dernière catégorie dons/micropaiements (via paypal/chèque/café) on relèvera surtout le grandissant Flattr

Comme dit Jean-Michel Cornu :
« Dans ce chapitre, on ne peut pas échapper à Flattr.com, site de micro-dons créé par Peter Sunde, co-fondateur de The Pirate Bay, le sulfureux site suédois légal spécialisé dans le téléchargement illégal. Flattr.com est voué, comme Kickstarter, au financement de la création sur Internet, sous toutes ses formes : musique, films documentaires, articles, blogs… Il fonctionne un peu sur le modèle du bouton « J’aime » de Facebook : l’internaute clique sur le bouton Flattr lorsqu’il aime une page et fixe lui-même le montant mensuel total de ses dons, qui seront ensuite répartis sur l’ensemble des sites qu’il aura cliqués. On a donc associé un porte-monnaie au bouton de préférence. Généralement les sommes alloués à une page ne dépassent guère quelques centimes d’euros. C’est l’effet « longue traïne » de leur cumul qui les rend intéressantes auprès du créateur qui s’en rémunère. »

Par exemple le premier mois j’aurais ainsi reçu 3,08€ (pas grand chose, mais ça pourrait vite grimper quand plus de monde aura pris l’habitude de l’utiliser 🙂


http://fr.wikipedia.org/wiki/Production_communautaire

http://www.designweek.co.uk/industry-voice/design-consultancies-are-dead!-long-live-design!/3034843.article

un ami s’inquiétait d’une sorte de « bulle crowdfunding », mais et si, plus que obtenir quelque chose, c’était devenu une nouvelle forme de divertissement ?

« what if Kickstarter is more about the experience of kickstarting than it is about the finished products? » fastcompany.com/1843007/kickst…
— Rob Horning (@marginalutility) July 19, 2012


http://www.trouverdelargent.com/

http://www.alloprod.com/labels-participatifs/

http://selfstarter.us/