Beurrier open-source

Après l’explication du raisonnement m’ayant amené à faire un beurrier, voici l’objet et son making-of détaillé 🙂

Ce petit exercice de conception m’aura occupé pendant quelques soirs/week-ends, à se demander comment devrait-être un beurrier ?


– Sachant déjà qu’il sera fabriqué en argile (et donc des épaisseurs minimum et un taux de retrait à ne pas oublier)
– Et puisque au départ il ne m’était pas destiné, il faut aussi que ce beurrier soit le plus simple possible à réaliser.
En vue de pouvoir le faire faire aux gens, par exemple dans le cadre d’un atelier de poterie comme c’était le cas ici, pour s’équiper et donc éviter les barquettes jetables comme on a vu précédemment.

Voici la version originale réalisée par Domi :

Ce modèle déjà plutôt sympa était malheureusement trop petit, donc en plus de la « réaction aux emballages » le but était également d’essayer de faire une 2ème version améliorée.

Avec une rapide analyse du besoin et de l’existant on peut établir et compléter le cahier des charges tout en esquissant rapidement quelques concepts.

Comment maintenir un morceau de beurre en place ?
(sans oublier conservation, manipulation, transport, estime, etc.)

L’idée se précisant, une modélisation 3D permet de mieux définir l’objet, et de faire un petit rendu pour montrer à quoi il pourrait ressembler.

Et d’aussitôt modifier quelques détails (sur cette première version les épaisseurs de la base n’étaient pas constantes par exemple).

L’avoir modélisé offre également la possibilité d’utiliser des techniques de prototypage rapide. Et justement j’avais l’opportunité d’avoir accès à une imprimante 3D ^^
Du coup après avoir donné mon fichier et patienté quelques jours, j’ai pu récupérer une version « imprimé » (par dépôt de fil pour être exacte).

Cette fois on à plus une image mais carrément l’objet tel qu’il serait.
Habituellement je procède surtout par maquettes, chaque itération permettant d’affiner l’objet et tester des choses en direct.
Seulement dans ce cas ça aurait été difficile, ne pouvant passer qu’une seule fois à l’atelier pour en faire un en argile, il fallait que la version à fabriquer soi la bonne… cette occasion tombait donc à point.

Après quelques derniers ajustements on était prêt, les vacances de Pâques furent l’occasion de le faire pour de bon, en argile cette fois.

Les éprouvettes de test pour calculer le taux de retrait attendu, selon le type d’argile que l’on aurait choisit (environ 6-10%)

On commence par l’impression des patrons à l’échelle 1:1 et puis découpe/pliage/façonnage… (la simplicité de fabrication vient de cette fabrication à plat puis mise en forme avec une cale)

Dans l’idée ce n’était donc pas très compliqué, mais il faut reconnaître que dans la pratique (et pour une presque première fois) il n’était pas évident d’avoir des bords aussi droit ou arrondis que prévu ^^’

Ensuite séchage…

…et hop quelques semaines plus tard, une fois cuit et soigneusement poncé par Domi :

(« plus tu ponce plus le maquette il est beau » comme on dit à Jean Perrin)

Et encore une semaine plus tard…

Tadaaa ! Avec un bel émail (par trempage).

Au final on a donc un objet assez simple, qui maintient le beurre en place grâce à la rugosité de l’argile (la base étant laissée brute) et de deux butés dans le sens de la longueur, les butés servant surtout à empêcher le couvercle de se déplacer dans les deux sens possibles de translation.
Tandis que deux encoches sont présentes sur les flancs du couvercle pour faciliter sa préhension.

Quand au socle sa forme permet de facilement prendre le tout, et maintenir le couvercle en place le temps du transport frigo-table (l’espace étant suffisant pour glisser la main dessous)

Et woila, bon appétit 😀

Pour finir, il y a deux possibilités de fabrications :

1) Avec une imprimante 3D, même si elles ne sont pas encore aussi répandues que les imprimantes classiques, les modèle comme Rep-rap sont abordables et se multiplient de plus en plus. Certains comme le studio Unfold on même réussi à imprimer de la céramique avec !
Il existe d’ailleurs déjà des bases de données d’objets prêt à être imprimés, et l’on peut retrouver du coup ce beurrier sur Thingiverse (ce qui explique le titre du post, héhé tient d’ailleurs c’est peut-être le premier beurrier open-source) 🙂

2) Ou plus classiquement, en reprenant les plans et avec un peu  d’argile. En allant dans un atelier local (allons il y a bien une activité de poterie pas loin de chez vous) ou sinon peut-être aussi avec l’argile auto-durcissante que l’on trouve dans les magasins de fournitures créatives.

Voila donc pour ce fameux beurrier, qui finalement aura été au croisement de pas mal de choses…
J’aurai d’ailleurs bien envie de poursuivre cette thématique autour de tout ce qui est auto-production, open-source et do-it-yourself, peut-être l’an prochain pour le master2, qui sait ? ^^

4 réflexions au sujet de « Beurrier open-source »

  1. Bien..
    Par contre le principal defaut d'un beurrier (ma mere aime et en possede un depuis la nuit des temps) est qu'il est lourd et qu'il faut le laver..
    Et c'est vrai que sortir un beurrier du frigo demande pas mal d'effort..
    Le lavage fait aussi qu'il est indisponible.. Voila pourquoi a mon avis il est tombé en désétuétude alors qu'auparavant toutes les menageres en avaient..
    Le concept de la barquette en plastique a résolu le probleme du beurre papier qui tachait souvent les doigts..
    Le gros avantage du beurrier en argile est qu'il conserve le froid sur la table (ideal pour les rillettes) et que cela fait infiniment plus classe…
    PS je trouve ton plateau 'support) beurrier tres interessant par sa forme et son design..
    La cloche moins.. Peut etre une cloche glissante..est ce une idée.. car on le voit sur la table une fois la cloche posée il impose de la place..
    salut.. eric

  2. Hello Eric, et merci pour ce commentaire 🙂

    En effet le principal argument de vente des produits jetables est ce coté "pratique", bien que l'entretien ne soit pas si conséquent (un tour de main ou un passage au lave-vaisselle).

    En discutant de ceci avec une autre personne, il semblerait que cet abandon des beurrier soit peut-être aussi lié au marketing du "beurre tendre", qu'on identifierai principalement aux barquettes (bien qu'il existe aussi sous forme de plaquette mais avec les inconvénients rappelés).

    Sinon pour le poids de l'objet on doit pouvoir optimiser ça (un moule ayant été fait depuis, les nouveaux modèles sont un peu moins massifs et surtout plus simple à réaliser) ou au pire utiliser un beurrier en plastique, mais c'est vrai qu'il est particulièrement agréable ^^

    Merci pour le support, c'est par lui que ça a commencé et qu'est venu l'identité de ce beurrier 🙂 Mais je note la remarque pour la cloche, c'est justement sujet à réflexion suite à d'autres retours (poignées peut-être pas indispensables). Néanmoins, même si ce n'est pas montré sur les photos, il est en fait prévu que le support puisse se poser dessus au cas où la place ferait défaut (en pratique c'est assez difficile avec les déformations durant le séchage, mais possible).

  3. En tout cas tu t'attelles a quelque chose de difficile..!! C'est un objet mémorial que voilà !
    Nos anciens ont créé des outils simples et ecolos, qu'il est parfois difficile de dépasser.. Car eux le jetable il ne connaissait pas.. et le froid ou le chaud il fallait le conserver pas le gaspiller.. , pas comme nous.. 8-).

    Il y a d'autres outils qui ont disparu de nos tables un peu dans le meme genre comme la cruche en grès, le pot a cornichon, la soupiere …et meme la table (un peu ) au profit de la table basse..

    Je crois avoir vu chez ikea , une approche un peu similaire a la tienne, mis a part qu'ils avaient fait un beurrier en bambou.. C'est tendance et leger a la fois.. (mais bon je peux me tromper..
    Sur le fil j'ai meme lu ton memoire..
    Y a une question que j'aimerais te poser. J'avais commencé a en discuter avec un autre designer..
    Le sujet est "Faire le bon choix".. Comment choisir..
    Je ne sais si vous abordez cela dans votre formation, si meme cela a été theorisé..

    Il s'agit ici du choix dans le processus de création.. Le dilemme a résoudre est :
    Tu dessines plusieurs formes stylistiques (je parle uniquement du style d'une piece.. pas de l'ergonomie et tout le reste..)
    Comment choisir et sélectionner (TOI MEME) un ou deux projets parmi la dizaine ou la vingtaine de projets que tu as dessiné, afin de les présenter au client ?
    Comment eviter de passer à coté d'une forme qui a du potentiel ?

    Bref, je trouve que ce thème est vraiment rarement abordé alors qu'il est dans la vie de tous les jours pour un designer.. Je ne sais pas si tu as quelques pistes.ou si tu as pu lire quelques expériences ou théorie..
    Car c'est un problème auquel je fais face..et je n'ai pas vraiment de méthode..pour selectionner un ou deux projets.. Je les aime un peu tous..

  4. En effet on ferait bien de s'inspirer un peu plus souvent de la sagesse des anciens et de ce qu'ils ont pu faire ;P
    Concernant le jetable je me dit parfois que finalement ça pourrait n'être qu'une courte période à l'échelle de l'humanité (enfin j'espère).

    Après une rapide recherche je n'ai pas trouvé de beurrier en bambou, j'imagine ce que ça pourrait donner mais si tu en retrouve une image je serai curieux de voir cela 🙂

    Quand à la question de faire le bon choix… Grande question !

    Si il est uniquement question de style, j'imagine en effet qu'il serait difficile de choisir une "forme" parmi beaucoup de recherches.
    Personnellement j'aurai peut-être tendance à procéder par instinct, et dans le cas ou quelques choix arriveraient ex-aequo, il suffirait de prendre en compte d'autres critères (facilité de réalisation, etc) pour les départager.

    En pratique j'ai été véritablement confronté à l'importance du choix durant le stage effectué en première année du DSAA, où l'on attendait justement de moi cette capacité à prendre du recul/évaluer/choisir quels projets présenter. C'était une toute autre pression, comparé à l'école et avant, où il y avait toujours plus ou moins quelqu'un sur qui compter pour en discuter et quelque part avec qui partager la responsabilité de ce choix.
    Néanmoins les profs essayaient de nous apprendre à justement ne pas "aimer" nos idées, pour les remettre plus facilement en question, voir tout recommencer si besoin et faire ces choix par nous-même…

    Du coup je pense qu'il n'y a que la pratique et l'expérience pour apprendre à "faire le bon choix" soi-même, et développer le regard objectif nécessaire à cela.
    Mais il également toujours bon de "tester" un projet avec d'autres personnes, une simple observation de comment ils utilisent/réagissent est souvent très enrichissante ^^

    Après réflexion je pense qu'on peut trouver pas mal de choses sur ce sujet, il me semble avoir lu des articles sur différentes pratiques et c'est toujours intéressant, comme celui-ci par exemple http://en.wikipedia.org/wiki/Kansei_Engineering

    Bonne lecture ^^

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