(anté-postage d’un brouillon qui datait d’octobre, concernant le contexte actuel et le rôle que les designers auront à y jouer.)
Méfions-nous des vertes sirènes du marketing environnemental.
On pourrait penser que les politiques de sensibilisation lancées il y a bientôt dix ans ont pleinement portés leurs fruits, peut être même un peu trop.
L’idée était basée sur le fait qu’en éduquant les gens leurs habitudes de consommations changeraient, la demande évoluant cela aurait forcé une adaptation de l’offre.
Néanmoins c’est récemment que la tendance a véritablement explosé, si l’incitation avait eu peu d’effet, la menace que représente le réchauffement climatique et un dangereux dérèglement de notre écosystème a très fortement marquée les esprits. L’attente est donc bien là, et l’offre se trouve à présent dépassé de loin par la demande !
Le second impératif nécessaire : un cadre législatif et normatif favorisant le développement durable, est enfin en place (grenelle de l’environnement, EUROPEN, ISO 26000, etc.). Étrangement si dans les pays anglo-saxons l’industrie a déjà rapidement pris le pli (Abott, Asda, Wallmart…), en France les faits sembles moins nombreux.
Voyant tout ces événements des questions apparaissent rapidement. Pourquoi, alors que la France s’en sort relativement bien dans le contexte de crise, la majeure partie de ces changements a lieux hors de l’hexagone ? Est-ce une approche différente ? Un temps d’application des lois ? Une réticence au changement ?
en quelques mois les iniatives se sont multipliés, ne serait-ce qu’en pensant aux distributeurs et aux cartons de dentifrice par exemple… (même si ce n’est pas révolutionnaire)
Pour réagir et essayer de répondre à ces nouvelles attentes, la majeure partie de l’offre a trouvé plus simple d’avoir l’air, plutôt que d’être…entraînant malheureusement plus de «green-washing» qu’une véritable écoconception.
Selon une étude de Terrachoice sur le marketing environnemental, seul 2% des produits mis sur le marché sont effectivement « éco ». Le reste relève plus ou moins du green-washing (extrait article, les 7 pêchés)
Ce n’est donc pas seulement les politiques de sensibilisation, mais la conjonction de nombreux facteurs qui sont à l’origine du phénomène actuel.
Prise/Crise, de conscience, ce que révèle le green-washing.
Cette tendance est le signe qu’un changement est en train de se produire dans nos sociétés.
Les situations difficiles ont toujours été l’occasion d’une profonde remise en question, d’analyser le schéma qui nous a conduit à cette situation et d’essayer de trouver de nouveaux modèles pour ne pas reproduire nos erreurs.
Aujourd’hui plus que jamais les masses d’individus ont conscience de faire partie d’un tout, mais sans abandonner leur individualité, les deux notions cohabitent (Factor Ten, paradoxe Alone together).
Curieusement, à l’ère ou l’individualisme s’est exacerbé, la notion de communauté fait son retour, par le biais des réseaux sociaux et d’Internet notamment. Et les idées circulent plus librement que jamais.
Quel rôle pour le designer dans tout cela ?
L’idée que les designers aient un rôle important à jouer est à présent largement partagé dans le domaine de la création. Et de nombreux designers s’accordent sur le fait que l’on ne peut plus créer de manière aussi irresponsable. Dans l’idéal toute production devrait être pensé entièrement, de A à Z, afin de s’intégrer à ce « tout » existant sans en perturber l’équilibre, voir même en lui permettant de retrouver une forme de stabilité (maîtrise de l’entropie), ça peut paraître évident mais pourtant c’était encore loin d’être systématique.
Forte demande pour des produits, offre bégayante…Les designers s’emparent de la questions, réalisant les conséquences et les responsabilité qu’implique le pouvoir de créer.
Il y a toujours eu des personnes pour montrer cette voie, mais ils étaient relativement marginaux, aujourd’hui ce sont de véritables communautés de designer qui prennent le relais et se fédèrent autours de ces valeurs. On parlera moins de figures emblématiques que des groupes comme « Design Accords » « Design 21 » « GOOD » ou le très parlant « A Better World By Design », chacun d’eux représentant des milliers d’individus impliqués dans ce changement.
En m’interrogeant sur ce qu’était/devait être le design, j’ai développé peu à peu une vision qui rejoint cette idée, en effet avec le temps je me suis rendu compte que je suivais en fait les traces montrées par nos prédécesseurs.
Mon positionnement se situerait donc entre la responsabilité et la volonté d’on faisait preuve V. Papanek et l’intérêt qu’avait Frei Otto pour la Nature comme source d’enseignements et d’inspirations techniques.
Il y a toujours un décalage entre la prise de conscience et l’évolution de nos pratiques collectives et individuelles. Mais à observer le reste du monde je me suis dit que c’était d’autant plus le «bon moment» pour agir ici. Le plus dur sera donc l’application concrète de ma posture et de ces bonnes intentions.
http://www.good.is/post/Design-A-New-Engine-for-Society/
http://www.good.is/post/steal-this-design-the-power-of-sharing-best-practices-in-moments-of-disaster/
Le changement ne vient pas, il est déjà en train de se produire en ce moment même…