Design Justice : repolitiser le design

Hier soir je lisais cet article du même titre qui attendais depuis longtemps sur ma pile.

J’ai apprécié d’y retrouver des préoccupations qui m’intéressent, ou en tout cas de partager une bonne partie des revendications ou principes évoqués. Un peu comme quand je lisais « Design for the real world, human ecology and social change » (V. Papanek, 1971) il y a une dizaine d’année et que je me disais « c’est exactement ça! ». Cet article est une bonne synthèse des influences militantes actuelles dans la conception.

Bref, à lire et à garder sous le coude comme référence, l’exercice de la synthèse revenant régulièrement. Ces derniers temps, je réfléchis justement beaucoup à comment mieux présenter cet aspect politique de la technologie, dans le déroulé des visites du FabLab du Dôme (pas facile de mentionner tout les trucs importants en seulement 30 minutes même si c’est déjà pas trop mal).

La répartition du pouvoir est la problématique fondamentale de l’humanité.

Dans la continuité de la recherche de l’origine des inégalités.

En ce moment on travaille à une petite synthèse sur la notion d’OpenSource au Dôme. Pour diffuser auprès du réseau d’établissements scolaires qui utilisent un Farmbot.
Je ne peux m’empêcher de chercher à élargir la question à la culture libre et au bien commun. Mais aussi d’essayer de rester le plus synthétique possible en ciblant très précisément les effets souhaités et surtout les causes visées.

Cela combiné à quelques récentes lectures me fait formuler le paragraphe suivant :

La cause des problèmes pour 99% de l’humanité vient d’une répartition inégale du pouvoir : 1% possédant réellement tout. On pourra ainsi ranger la plupart des choix de société selon qu’ils favorisent plus ou moins la concentration ou au contraire la distribution du pouvoir. La concentration de pouvoir étant néfaste pour l’ensemble de l’humanité, alors que la mise en commun nous permet d’avoir plus et mieux ensemble (l’information étant un bien non-rival par exemple, et pour le reste une gestion commune des ressources).

Lectures en question
https://kortina.nyc/essays/speech-is-free-distribution-is-not-a-tax-on-the-purchase-of-human-attention-and-political-power/
https://twitter.com/GeorgeMonbiot/status/1361414364150988801
https://onezero.medium.com/how-to-destroy-surveillance-capitalism-8135e6744d59
https://pluralistic.net/2021/02/20/escape-velocity/#trustbusting-time
https://adrianbowyer.blogspot.com/2011/07/fourlevels.html
https://adrianbowyer.blogspot.com/2021/02/workmakespoverty.html

Facebook ça concentre, Mastodon ça distribue.
Youtube ça concentre, Peertube ça distribue.
Amazon Web Service ça concentre, Le réseau Golem ça distribue (et ça me fait plonger et rattraper le sujet des cryptomonnaies que j’avais regardé de loin jusque là) .
Vive les fédérations de nœuds décentralisés 🙂
Justement, en parlant Fediverse, je viens de tomber sur cette traduction chez Framasoft de 7 thèses sur le Fediverse et l’avenir des FLOSS, qui semble un bon résumé de l’état actuel et des évolutions possibles !
Ce à quoi on pourra relier un et deux articles d’InternetActu sur le thème logiciel libre et gouvernance.
Pas encore lu, mais qui devrait bien aller par ici : Metagov, et Disco.coop.

Ajout du 17 avril 2021.
La lecture de cet article de l’Humanité qui parle de plusieurs coopératives me ferait ajouter : comme les exemples ci-dessus pour certains outils numériques, les coopératives pourraient faire suite aux monopole d’état, dans une version également distribuée et citoyenne (préférables aux groupes qui concentre la richesse vers l’habituel capital).

3 ans au Dôme !

Décembre 2017, je découvre le FabLab du Dôme, à Caen. Sans être immense c’est un des plus chouette atelier parmi ceux que j’ai pu visiter.
Le 5 février 2018, je rejoins Relais d’sciences comme nouveau responsable de cet atelier, yay !

FabLab du Dôme 2018

Album photo de 2018.

Avec le recul de trois ans d’actions, je suis globalement content de ce que j’ai pu y apporter. La base étant un entretien régulier et beaucoup d’organisation, pour lutter contre l’entropie. Maintenir l’atelier en état de fonctionner permet aux multiples activités du Dôme de pouvoir s’appuyer dessus.
J’apprécie également toujours la variété des projets qui peuvent s’exprimer grâce à ce type de lieu, et la vie quotidienne qui peut s’y dérouler.

FabLab du Dôme 2019

Album photo de 2019.

L’évolution de la fréquentation suit une belle trajectoire. Hors événements, l’atelier voit passer des milliers de visiteurs, dont une partie reviennent se former puis réserver des outils. Cette fraction représentait environ 70 individus en 2018 (quelques uns reviennent même chaque semaines), puis 170 individus la saison d’après. Le temps d’ouverture n’ayant pas augmenté, c’est plus de diversité et de croisements potentiels !
La parité femmes/hommes s’améliore également d’année en année. Aussi bien dans les inscriptions (29% en 2018, 33% en 2019, 38% en 2020), que dans les réservations (environ 41-44% sur la période). Ce qui confirme l’impression au quotidien d’un relatif équilibre.

FabLab du Dôme 2020

Album photo de 2020.

Arrive néanmoins la fameuse épidémie qui va mettre en veille l’accueil et les activités grand public… Malgré un arrêt quasi total des visites, les personnes qui souhaitent vraiment venir ne semblent pas se décourager. Les quelques mois de septembre à novembre de 2020 sont même un peu mieux que 2019. Mais la restriction actuelle aux activités de formations ou professionnelles réduit forcément les jauges. En attendant la réouverture espérée des lieux culturels, on en profite pour améliorer les espaces, avancer divers chantiers du bâtiment.

Vue de la zone d’exposition devant l’atelier, avec nos cloisons modulaires à roulettes (en ce moment ça parle hydrogène).

On verra si les prochaines années voient se réaliser nos espérances, mais avec de récentes nouvelles recrues c’est potentiellement des horaires d’accueil plus étendus. Avec de nouvelles machines envisagées ce sont d’autres choses/échelles possibles. Et avec l’aménagement imaginé pour la zone terrasse ce serait encore plus de convivialité (l’arrivée de canapés était déjà un grand plus) 🙂

Je pensais faire également une visite virtuelle de l’atelier à l’occasion de cet article, mais il me manque quelques photos récentes. Pour plus tard du coup… !