Bidouille, éducation populaire… et documentation !

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La semaine dernière on était à Mains d’Oeuvres dans le cadre d’un week-end « Bidouille et éducation populaire » !

Au menu, divers ateliers et tables rondes, et en ce qui nous concerne : construction de « most useless box » autrement dit de petite machines qui ne servent absolument à rien… en soit, mais qui sont l’occasion d’apprendre à souder, à construire, à s’amuser 😉

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Voir quelques photos sur flickr, je n’ai pas pu en prendre beaucoup, mais Jérôme et Thierry qui étaient chargés de documenter le week-end en auront sans doute de chouettes. J’ajouterais le lien quand ils les publieront ^^

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Une partie des pièces du kit ont été imprimés sur place, le doigt qui actionne le levier ainsi qu’un logement pour la pile. Du coup même si notre atelier avait lieu le dimanche, la journée du samedi fut déjà pas mal occupée par la conception/impression de ces pièces, et l’occasion de beaucoup discuter reprap et fablabs 🙂

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le coin matos et reprap
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les 4 itérations du doigt

J’avais imprimé aussi quelques objets démo pour s’échauffer et montrer la machine 😛

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un vase (les sortes de pétale sont dus à une interruption involontaire mais rendaient bien 🙂 )
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une petite pince
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aperçu du chantier au moment de la pause de l’aprèm

Bref, super week-end !

Fin de parenthèse, on se demande si c’était bien réel ?
En tout cas j’adore ces échappées de la routine… On rencontre toujours des gens sympas et pendant un bref temps on vit vraiment avec eux. J’ai parfois l’impression de retrouver un sentiment de proximité, de tribu, qui avait donné cette saveur si particulière à mes années d’Arts Appliqués où on était en internat. En tout cas le modèle de friche associative ou d’espace de co-working est super intéressant pour ça.

Ce qui est chouette aussi c’est que chaque événement semble en appeler d’autres, et parfois je me prend à rêver de faire un peu comme Mitch Altman quand il voyage de workshop en workshop ^^

Pourquoi documenter ?

Je voulais revenir aussi sur un échange particulier avec Jérôme dès le premier soir à propos de la documentation. Il voulait nous interroger sur notre pratique, et j’y avais justement un peu réfléchis à cause de la reprap pliante que j’essaie de documenter du mieux que je peux…

Mais en essayant de synthétiser la raison qui me pousse vraiment à faire ça, en plus des enjeux habituels de la documentation (garder une trace, diffuser, permettre à d’autres de comprendre les choix qui ont été faits, ne pas tout recommencer à zéro), je me suis rendu compte que j’aime bien documenter parce que c’est l’occasion pour moi de revivre le plaisir que j’ai éprouvé en développant une idée. Tout simplement, je suis content quand j’arrive à trouver une solution astucieuse ou élégante à un problème (encore mieux si ça résout plusieurs problèmes à la fois); mais je suis parfois bloqué (attendre qu’une pièce arrive, soit fabriquée, envie de faire autre chose ou plus le temps) et la phase documentation est l’occasion de quand même continuer, d’expliquer ses choix, de prendre un peu de recul, parfois changer d’avis, trouver d’autres idées… un peu comme une discussion qui fait progresser. Avec en plus le coté ouvert en partageant ça sur un wiki/forum, permettant d’éventuellement bénéficier du retour d’un grand nombre d »autres personnes sur ce qu’on a fait.
C’est aussi une manière de rendre à la communauté ce qu’elle à pu nous offrir, de perpétuer un cycle vertueux. Il y a également sans doute un peu d’ocytocine derrière tout ça, une fois qu’on à pris l’habitude de partager on est accro 😛

Si on pousse encore un plus loin, je me demande si au fond ça ne serait pas une manière indirecte de répondre au besoin primaire de transmettre ses gènes, seulement cette fois l’information n’est pas sous forme d’ADN mais d’idées, de connaissances.
Les idées sont comme des choses vivantes, elles croissent, se multiplient, s’hybrident… finalement, diffuser ses idées, ne serait-ce pas là le meilleur moyen d’être immortel ? De dépasser cette ancienne crainte de la mort (surtout grâce à la mémoire d’Internet), et participer à quelque chose qui nous dépasse.
Les carnets de De Vinci, les manuscrits d’auteurs (*cherche le lien de l’émission Sur les épaules de Darwin où il parle de l’importance de la redécouverte d’anciens livres à la Renaissance*), toutes ces traces font qu’ils continuent d’exister à travers leurs idées. Bénéficiant aux générations d’après.
Sans vouloir me comparer à eux, je me suis toujours dit que si il m’arrivait un accident j’aimerais qu’on puisse avoir accès à tous mes carnets afin que d’autres puissent développer ces idées à ma place, du coup maintenant je publie, afin que rien ne soit perdu (sur ce point je pense que les cours de capitalisation et management de la connaissances ont du avoir une certaine influence).

C’est comme si, dans un but de survie de l’espèce, la nouvelle stratégie en œuvre n’est plus tant de perpétuer la population que d’augmenter le savoir, l’expérience, la connaissance de l’humanité; en la partageant. Et on va avoir besoin d’être sacrément malin si on veut survivre à 2030 (indice de réponse : fablabs, open-source ecology, communautés résilientes, locales mais ouvertes et connectés en réseaux).

Enfin j’ai prévue de vous reparler de cette aspect idée-vivante avec un article prévu pour openp2pdesign sur l’arbre généalogique des RepRap, intitulé pour le moment « why open-source is great » 🙂


[édit] quelques vidéos en plus !
http://youtu.be/s6wixgBXLPk
http://youtu.be/NM7xvRS417w
http://youtu.be/skEP_H3f3Nk
http://youtu.be/0WHNxFrtS6g
http://youtu.be/RgeB8zPEbw4

FabLab et pédagogie

Mercredi dernier j’étais de passage au FacLab pour une réunion-discussion-réflexion « fablab et pédagogie ».

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Ayant raté l’inauguration du FacLab c’était sympa de pouvoir enfin voir les lieux (complètements ouvert au public l’après-midi), retrouver des gens que j’apprécie et en rencontrer de nouveaux (bien fait de passer^^).

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La réunion à proprement dit aura été un long moment d’échange, riche et intéressant sur comment on voit une sorte d’éducation idéale (en essayant de toujours revenir sur le besoin concret de définir le DU et autres formations que le FacLab proposera à terme).


Voir la mind-map de mes notes

Coté éducation idéale il y a sans doute plein de choses à reprendre et mixer de formations existantes. Auront ainsi été notamment évoqué la d.school, la fabacademy, et personnellement j’ai souvent fait référence à des aspects de l’enseignement à l’ENSGSI ou un peu de studio-H🙂

Parmi les trucs partagés à la suite de cette réunion, j’ai découvert François Taddéi et son engagement pour une éducation 2.0, dont un article de Libération au titre-manifeste « 6 milliards d’autodidactes » m’a fait pensé au précédent post « world of design » en beaucoup mieux dit, en tout cas on partage cette vision d’un monde de créateurs, j’y avais simplement mis le mot de « designer » à cause de la nature de caméléon que l’on semble développer 🙂
C’est bien ça le truc : il ne faut plus tant former des gens à faire quelque chose, que de leur apprendre à se débrouiller et apprendre par eux-même ce qu’ils ont envie de faire.
Et les FabLabs, ou tout ces tiers-lieux dans lesquels on peut apprendre en faisant, me semblent essentiels dans cette vision.

Open-Source is fun, easy 3D-scanning too !

L’autre soir je relisais ce super article, Vers une économie de la contribution, avec Bernard Stiegler. Dans son interview il résume bien l’avènement d’un capitalisme industriel, puis sont essoufflement et le modèle contributif qu’il faudrait absolument encourager aujourd’hui, ainsi que d’autres enjeux essentiels comme la Neutralité du Net (une interview à voir et revoir). Mais je retiendrais surtout le « pourquoi l’open-source ça marche », en gros : nous nous co-individuons joyeusement 😀 (et là je repense à la bonne ambiance qui règne au Nancy Bidouille).

Typography Power
Typography Power by tsevis

Il parle également d’un effet important du modèle open-source (et par extension du mouvement do-it-yourself, des FabLabs, etc.) : la dé-prolétarisation de la technologie, quand elle est source de création et de partage de savoirs (au contraire d’une techno « boite noire » à laquelle on abandonnerait nos connaissances). Et ces savoir-faire auraient pour conséquence de favoriser l’individuation de chacun (capacité à développer ses savoirs, se remettre en question, se transformer, se réaliser). Ajoutez à ça une pincée de collaboration, même informelle (qui parait tellement mais tellement plus logique que la compétition), et l’économie de la contribution se met en place. Les participant, en y contribuant, vont se réaliser par la même occasion.
En tout cas ce libre accès aux informations et à la connaissance (qui semble du bon sens) donne à tout le monde la possibilité de s’approprier et comprendre le monde qui nous entoure.

T’as une Kinect ? T’as un Scanner 3D.

Justement, quand on parle d’accessibilité, de facilité… j’ai un bel exemple et un super outil dont il fallait absolument que je vous parle : Reconstructme, un programme permettant de numériser des modèles 3D avec des capteurs comme la Kinect de Microsoft ou le Xtion de Asus.


Pourquoi c’est super important ?

Tout le monde ne sachant pas forcément utiliser un logiciel de CAO ou certaines formes étant assez complexes à modéliser, le scan3D est un outil particulièrement intéressant, alors si en plus il suffit désormais de 100-150€ pour en avoir un, c’est carrément génial…
Pour comparaison, il faut compter 12 000 – 40 000 pour l’entrée de gamme des scanners similaires, avec un résultat pas bien différent.
C’est donc une petite révolution dans le domaine, pour numériser des objets et mettre la fabrication numérique à portée du plus grand nombre.

Ça fait longtemps que les technologies de scan-3d existent, que divers projets essaient d’en démocratiser l’usage, ou que d’autres aient même déjà réussis à hacker la Kinect pour ça. Mais cette fois on a franchi un seuil en terme d’accessibilité.

Pour ceux qui voudraient voir concrètement comment ça se passe depuis le scan jusqu’au modèle prêt à être imprimé, voici un petit tuto vidéo de 4min :

Le procédé est hallucinant de simplicité/résultat, mis à part l’interface en ligne de commande (qui se limite à taper « y », « p », « échap »), pour obtenir son modèle 3D). On a pu sentir le fabuleux potentiel qu’offre cet outil, et surtout sa facilitée d’utilisation qui débloque tout un tas d’idées de trucs que l’on voudrait expérimenter, comme par exemple un « Mont Rushmore avec des profs » 😀

Il y a d’autres programmes semblables basé sur la Kinect en développement, mais celui là est sorti plus tôt, et même si il n’est pas open-source la licence non-commercial permet à tout le monde de s’amuser avec (ça c’est bien).
Du coup on l’aura bien utilisé pendant les portes-ouvertes ^^

C’est bon on peut se faire un photocopieur 3D maintenant ;P

https://reconstructme.net
https://www.thingiverse.com/tag:reconstructme

= Edit de janvier 2018 =
La kinect n’est plus vendue par Microsoft : https://www.fabbaloo.com/blog/2018/1/10/the-kinect-is-dead-how-to-3d-scan-now