Vie et choix numériques

Durant ma période « entrepreneuriat intense » coté OpenEdge j’avais consacré de moins en moins de temps aux réseaux sociaux ou à la publication de contenu. Cette « sobriété numérique » s’est prolongée par la suite pour cause d’accès limité à Internet, mais aussi par choix, et l’habitude est restée.

Ce qui me va bien dans l’idée d’utiliser le moins de ressources possible, ou de le faire à mon rythme, plutôt lent. Je n’envisage pas forcément une déconnexion totale, car comme j’ai pu le lire dans d’autres échanges, s’abstenir complètement (d’utiliser les réseaux par exemple) c’est aussi laisser la part à d’autres opinions tandis qu’on peut doucement aider à véhiculer celles qui nous semble importantes. Je continue donc de publier/partager mais en le faisant j’espère avec sélectivité et après un temps de réflexion qui me semble préférable à l’instantanéité (l’exigence du temps réel est en partie responsable de la surproduction d’informations).

Si je publie ce post c’est pour marquer quelques « jalons » dans mes choix de vie, et d’outils numériques.

La vie… globalement va bien, m’occuper du FabLab du Dôme étant une activité qui fait sens pour moi (ikigai). Coté développement personnel, j’ai trouvé dans une association de Swing locale une richesse sociale et une incarnation du corps et de l’écoute par la danse qui font une complémentarité bienvenue à mes activités et mon caractère « penseur introverti ». Je ne me serais pas vu faire ça il y a quelques années (zone de confort) mais après un an de pratique je peux dire que ça valait largement l’effort, c’est même très fun.
Tout ça occupe déjà bien le quotidien, néanmoins je ne peux m’empêcher de continuer ou reprendre certains projets : après une dernière petite évolution de la FoldaRap, j’ai pu démarrer (et j’espère bientôt aboutir) un autre concept d’imprimante 3D pliante simplement baptisée FoldaRapX pour garder le lien à la précédente et surtout évoquer le mécanisme en ciseau assez spécifique ici. Ce ne sera pas une machine de précision dans un premier temps, je voulais surtout terminer un concept laissé de coté et qui revenait me titiller parfois.

Les outils…
Le rangement et tri post-déménagement à continué dans mes affaires mais aussi dans mes fichiers/informations/outils, avec l’envie de concrétiser certaines résolutions que j’envisageais depuis longtemps, à force de traîner dans la sphère du logiciel libre et du DIY : principalement progresser dans l’émancipation des géants du web et de la technologie.

Petit guide à l’usage de l’internaute pour se « dégafamer »

Et autres réflexions pour un numérique plus simple, durable, désirable, etc. sur le forum de la FING.

Bon la suite LibreOffice et Firefox ça c’est depuis longtemps (avec les extensions HTTPS Everywhere et uBlock plutôt que AdBlock, sur les conseils de l’ami Audric), Qwant depuis quelques années, et d’autres logiciels (FreeCAD, Blender, etc.)…

Mais depuis 2018 j’ai pu faire un autre pas, et pas des moindres même si ça parait simple après coup : avoir sa propre boite mail. Exit Yahoo, Hotmail et bientôt Gmail… vous pouvez m’écrire à « manu arobase openfab point fr ». Ceci m’est venu car au boulot nos boîtes mails sont sur un serveur de Gandi, et y accéder par une page web (le service Roundcube ou Sogo) m’a apparu aussi simple que les autres services… Sauf que ça ma fait réaliser que, vu que j’avais déjà un nom de domaine chez Gandi (inutilisé en plus) il n’était pas plus compliqué d’avoir ainsi sa propre boite mail ! Seulement 12€/an pour préserver sa liberté, ne pas être espionné ni soumis à la pub, pourquoi hésiter ? Sur le coup j’avais même tendance à m’enthousiasmer au point de penser qu’on devrait accompagner tout le monde (dès l’école) à se créer un nom de domaine, et garder ainsi le contrôle de ses courriers/données, ne pas devenir le produit des géants, potentiellement l’utiliser un jour pour un site, etc.

Seconde grosse résolution : depuis cet été je viens de commencer ma transition de Windows à Linux, et ça aussi c’est une petite satisfaction 🙂

Les prochaines étapes ?
Réduire la quantité de choses présentes dans le cloud (du tri dans Flickr) et continuer de supprimer les comptes superflus (c’est d’ailleurs surprenant le nombre de sites n’ayant pas de fonction « modifier l’adresse mail du compte » ou même « supprimer le compte » ce qui oblige à contacter le support).

J’imagine aussi migrer ce blog sur une autre plateforme, WordPress sans doute, Blogger étant dans la galaxie Google. Et peut-être un jour l’héberger par moi-même, sur un serveur très simple façon LowTechMagazine ?

Bientôt l’âge d’or des low-techs

Ou encore en se basant sur de nouveaux navigateurs rendant possible un web construit en peer-to-peer ?
Et autres expériences d’outils décentralisés 🙂

FoldaRap 3 / en cours

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La nouvelle version de la FoldaRap progresse bien, avec enfin un mécanisme de pliage/dépliage instantané 😉
(disons 2 secondes quand il fallait 5 minutes avant)

Et comme expliqué dans le post précédent, j’en profite pour expérimenter un autre modèle économique (que la vente de matériel) dont la démarche est la suivante :

  • micro-mécénat récurrent via LiberaPay
  • pour soutenir le développement, le partage de connaissances, la documentation (de ce projet et d’autres)
  • libre-hardware : vous avez la recette, à vous de trouver les ingrédients, et/ou passer par des vendeurs de matériels identifiés (auxquels je proposerais naturellement de soutenir également le projet)

Quand pensez-vous ?

(en tout cas ça me semble plus léger/efficace comme principe d’organisation)

Et pour terminer sur une information agenda, vous pourrez me retrouver accompagné de ma fidèle machine :

  • Septembre, du 15 au 17 à l’espace numérique de la Fête de l’Humanité (à moins que je ne me promène avec sur les autres stands ^^)
  • Septembre, du 26 au 28 chez Ping/Plateforme-C à Nantes
  • Octobre, 21-22, pour le Festival-D à Anger
  • Novembre (le 18 ?), au Bocal à Chemillé (on devrait y organiser un rassemblement des FoldaRaps locales)

Modèle économique / Biens communs / Micro-dons

Que deviennent les grands aspects de l’apprentissage, du travail, ou des loisirs, à mesure que la société se transforme ? C’est une question récurrente.
Comme vous avez pu le voir ici je ne peux m’empêcher de théoriser mes activités, mais je suis aussi de nature à vouloir éprouver à mon échelle, par curiosité expérimentale, les nouveaux modèles qui semblent émerger en réponse à cette question 🙂

En 2011 j’avais eu l’opportunité de pouvoir consacrer une partie de mon stage de master à ces réflexions, qu’on retrouve dans ce mémoire (le relire 6 ans plus tard me fait dire qu’on ne s’en est pas trop éloigné, les pratiques décrites sont même en bonne voie de diffusion).

Avec notamment la problématique suivante qui reste d’actualité : quand les créations sont partagées librement pour contribuer aux biens communs, quels modèles économiques peuvent l’accompagner ? A l’époque je voyais deux hypothèses : un revenu de base et/ou des micro-dons récurrents, par exemple via l’outil Flattr (page 25).

Suite à ce stage et à l’ouverture du FabLab au sein de l’ENSGSI à Nancy, mon modèle économique personnel est devenu très simple : il fallait quelqu’un pour s’occuper de cet espace, j’ai donc commencé avec mon statut d’auto-entrepreneur et continué en CDD. J’ai essayé de résumer ça dans le tableau suivant, au départ les revenus perso financent les dépensent perso ainsi que les projets, par la suite avec le crowdfunding les projets s’auto-financent et contribuent à mes dépensent perso. Au point de transmettre mon poste au FabLab et continuer l’aventure de la création d’entreprise.

Après avoir testé la vente de matériel (modèle « immédiat » dans l’open-hardware, les gens étant plus facilement enclins à acheter du matériel que de l’immatériel), le crowdfunding et l’entreprise classique (mais en y étant bénévole, j’ai investi toute mes ressources) je voudrais re-expérimenter une stratégie en partie basée sur le don, le temps ayant permis à d’autres plate-formes de voir le jour et à cette pratique de bien se développer 🙂

Flattr ?
Il n’a pas eu un très gros succès, voir presque disparu des radars ?
En mai, je reçoit une newsletters annonçant son prochain retour, l’équipe de Flattr rejoignant Eyeo (AdBlockPlus).

Gittip/Gratipay ?
Au détour d’un événement en 2013 Simon me faisait découvrir Gittip qui allait encore plus loin dans le concept et la cohérence du libre, ça avait l’air génial (mais j’étais déjà bien occupé). Malheureusement cet outil a dévié de son origine et ne semble plus un choix très intéressant.

Aujourd’hui la tendance est aux Patreon/Tipeee. Et ça semble même bien marcher.
D’après leur conditions, l’original premier serait mieux que la seconde copie (5-10% de frais au lieu de 9-23%). Mais ça reste des intermédiaires, un don direct est plus efficace.
En cherchant si d’autres ont déjà poussé la comparaison je découvre dans cet article Beacon, orienté journalisme mais avec une très intéressante mutualisation (70% pour le créateur 30% pour la plate-forme et les autres projets, liant de fait le succès des créateurs ensemble).

Et finalement, au détour d’un billet de @Ploum, je découvre un petit nouveau prometteur que je m’en vais essayer : LiberaPay. Une plate-forme libre financé via… LiberaPay. Développée par un ancien de Gratipay qui souhaitait créer une alternative.
L’auteur de Pepper&Carrot y a créé une page (une super bande dessiné qu’on m’a récemment fait découvrir), très belle expérience libre également.

Et voici la mienne : https://liberapay.com/EmmanuelG/ 😀
J’ai commencé par rajouter le petit bouton qui va bien en haut à droite, et par la suite ça me permettra de dire à la fin d’un tuto par exemple « si vous appréciez mes travaux, considérer un micro-soutient ». En tout cas je pense que ce type de fonctionnement est plus intéressant que d’imaginer refaire une campagne de financement participative (dans l’idée de rester le plus agile possible et plutôt s’arrêter à la création de recettes facilement réplicables qu’à la fournitures de kits).

Sinon dans la même veine de ce recentrage de cohérence je viens de rejoindre Mastodon (Twitter version libre) 😉