Tria are back

Cet après-midi en cours « de l’idée à la maquette », Ahmad Wassem le designer qui assistait au workshop (cf. post précédent) nous donnait des cours de croquis. Nous étions répartis en petit groupes pour adapter les exercices aux ingés/designers/etc.

Les échauffements à faire des traits parallèles, et autres petit exercices m’ont replongé dans les années Arts Appliqués et bts… ça faisait longtemps que je n’avais plus utilisé les feutres mais on s’y remet avec grand plaisir !
Cadeau, le dernier pti dessin fait en quelques minutes :

Aller hop maintenant 3D et on pourrait envoyer ça à Shapeways :p

[edit18/05/11] Presque ça http://www.shapeways.com/model/86253/sun_sprocket_grip_heavy.html?gid=cg32 ^^

48h pour innover // Retour d’expérience

Cette semaine avait lieu les « 48h de l’innovation ». Partenariat international entre l’ensgsi et différentes écoles, au service des quelques entreprise qui sponsorisent cet événement : Oxylane (Décathlon) avec les marques passion Kalenji et Artengo, EDF, OrangeLabs et peut-être d’autres que j’ai oublié…

Les chaises musicales, parfait pour faire un peu de cohésion de groupe et se réveiller le matin :p

L’opération mobilisait donc environ 5-700 élèves sur 3 continents et plusieurs écoles d’ingé comme dit la plaquette (http://48h-international.wikispaces.com/) de quoi bien brainstormer 🙂

Bref, petit retour constructif de la semaine :

Les approches ingé/design

Les groupes de l’école étaient constitués d’élèves ingénieurs de chaque année (1ère, 2ème, 3ème) et d’un master pour un total d’environ 10 personnes. C’était la première fois que je me retrouvais ainsi intégré dans une telle équipe, et je comprend mieux a présent la caricature que l’on fait parfois de la différence entre ingénieurs et designers.
Sans vouloir perpétuer le cliché j’en ai donc profité pour observer comment la séance se déroulait tout en y participant (après les cours d’épistémologie cette posture n’en était que plus consciente).

Mon impression est que les méthodes de créativité enseignées, que l’on cherche ensuite à suivre et appliquer rendent le processus trop mécanique. Avec l’utilisation d’outils dans des temps bien spécifiques (par exemple brainstorming, puis analogie, puis raisonnement par inversion, etc).
Quand j’ai l’impression que le processus en design est beaucoup plus instinctif : les idées viennent quasiment toute seules, ce n’est qu’après coup que je me rend compte que tel ou telle émergence est de type inverse/analogique/etc. (ces outils deviennent par contre très intéressants en cas de manque d’inspiration)

Ceci vient peut-être des élèves qui, n’ayant pas encore incorporés ces outils, auraient tendance à suivre ces formats. C’est vrai que lorsqu’on nous donne un outil relativement efficace, le processus de conception tend à s’appuyer dessus au lieu de les intégrer pour les utiliser à sa manière. Sur le coup ceci me fait penser à l’enseignement en Arts Appliqués, qui met plus l’accent sur le développement de chacun, quand à l’inverse la formation d’ingénieur serait basée des méthodes, plus facilement réplicables/mesurables (bien qu’à présent le cursus intègre de plus en plus une dimension de parcours personnel).

Une question d’équilibre

Si la créativité ma donc paru un peu laborieuse au départ il faut néanmoins reconnaître que notre groupe aura quand même généré ainsi une centaine de concepts en deux jours !
Après je ne peut m’empêcher de penser que dans cette quantité le taux d’idées intéressante reste assez faible (beaucoup d’idées absurdes même si c’était marrant ^^). Ce qui me rappel justement un article de LateralAction(1), discutant du fait de se lâcher au moment d’un brainstorming, aucun jugement c’est bien mais garder un minimum d’esprit critique permet aussi d’aller plus vite vers les idées véritablement intéressantes.
Le design aurait donc peut-être une approche plus équilibrée, un peu moins dans la quantité, mais avec des propositions synthétisant d’emblée les nombreuses contraintes possibles du sujet (enfin c’est comme ça que je le vie en général).

L’importance du dessin

Ensuite vient l’expression de l’idée, où le dessin prend toute son importance.
Et la personne qui se débrouille le mieux devient rapidement « celui qui tient le crayon », et donc indirectement le leader du groupe tout en dessinant chaque suggestion. Mais pendant cette phase il faut faire attention de ne pas trop monopoliser le rôle pour plus facilement laisser les participant eux-même dessiner leur idées (ce qui en évite une interprétation, qui peut parfois être inexacte).

Du coup j’ai trouvé que notre groupe était plutôt dans un mode collaboratif auto-géré relativement équilibré (même si courbaturé d’avoir fait la plupart des dessins).

Autre fait intéressant : un designer passait de salle en salle pour un court moment et justement dessiner rapidement les idées que l’on voulait (donc en aval du moment de l’idée mais encore dans la phase créa). Dans d’autres groupes certains faisaient l’effort de dessiner et l’on voyait bien la différence avec ceux où ce n’était pas le cas, les encadrants rappelaient d’ailleurs régulièrement que les mots seuls ne servaient qu’à rebondir pour créer des concepts que le dessin permet justement de développer, préciser.

Je vous aurais bien montré nos concepts pour les sports de raquette, puisque notre groupe travaillait sur la thématique Artengo, mais toute la production est censée être confidentielle et appartenir aux industriels d’après le règlement (bien que je n’ai signé aucun NDA, on évitera de faire du bruit au cas ou…)

La présentation

Ensuite le 3ème jours, chaque groupe présentait deux concepts (dont un issu de la collaboration avec un groupe étranger) en 5 minutes…
Le « percept » comme ils appellent la courte présentation qui doit faire percevoir le concept (on ne discute pas faisabilité à cet étape) prenait souvent la forme d’un sketch et cette fois on retrouvait bien l’esprit ouvert de l’école (loin du cliché ingé pour le coup j’ai trouvé). Tout ayant été filmé on devrait pouvoir même accéder aux présentations des autres pays (et notamment voir comment la même idée a été développé/présenté ailleurs).
Les industriels étaient plutôt contents de voir nos suggestions, ces questions étant également traitée en interne, le décalage qu’on pouvait avoir apportait ainsi un intérêt nouveau.

Enfin voila pour cet avis personnel, petit constat facile sur les disciplines qu’on oppose parfois et les leçons sur le dessin que nos professeurs nous rappelaient (avec raison). On attend les résultats à présent avec la remise des prix le 20 novembre, curieux de voir ce que ça donnera 🙂

(1) [edit 08/11] J’ai retrouvé l’article en question http://lateralaction.com/articles/brainstorming/ qui met bien en avant les pour/contre du brainstorming, et avec un intéressant passage de Kevin Kelly (IDEO) confirmant que c’est un outil formidable, mais malheureusement souvent mal employé : le brainstorming solitaire semblant mieux adapté et surtout plus rapide, avec ensuite une mise en commun (c’est drôle, on avait justement commencé ainsi le premier jour mais avec un partage des idées le long de la journée).

[edit 26/03/12] http://www.internetactu.net/2012/03/20/au-dela-du-brainstorming/

NancyLab

Travail pour le cours de Création technique et Arts, où l’on doit imaginer un objet d’entreprise, comme prétexte pour nous faire dessiner (mais avec quand même pas mal de contraintes pour que ça entre dans cette catégorie d’objet).

Et tant qu’a faire j’ai choisi de prendre l’hypothétique futur Fab Lab de Nancy comme « entreprise », histoire de poursuivre une précédente réflexion.

Pour commencer il fallait justement parler de notre entreprise, puis résumer une page en 3 phrases, puis 3 mots :

Un objet d’entreprise

J’aime beaucoup ce sujet de travail car il est l’occasion pour moi de projeter une sorte de concrétisation utopique de ma passion actuelle pour les Fab Lab. Explorons donc le contexte dans lequel on se situe…

Un monde qui aurais réussi à tourner la page de la « production de masse », en lieu et place de cela on trouverai un peu partout ces fameux Fabrication Laboratory. Véritable icone de cette IIIème révolution industrielle, ces lieux mettent la science et les outils de productions à portée de tous. On peut donc venir y faire soi-même, ou accompagné, n’importe quel objet dont on aurait besoin, mais aussi chercher, essayer, créer, inventer…

Avec l’expansion urbaine, la zone industrielle, autrefois reléguée en périphérie, est à présent au coeur du dynamisme de la vie locale. C’est dans un ancien hangar désaffecté que prend place aujourd’hui le FabLab de Nancy. Le batiment a évidemment été mis aux dernières normes en vigueurs, mais il conserve néanmoins le charme de son passé : un sol de béton, brut, irrégulier, impecablement lisse dans certaines zones et complètement rongé ailleurs ; les enfractuosités retenant les copeaux et autres poussières on aura pris soin de recouvrir les zones ateliers avec un lino vert plus commode à l’entretien, un coup de balais et hop. Le soleil en aura quand même cuit les bords au fil des saisons, la longueur sud du batiment étant parcourue de hautes vitres donnant sur un nouveau jardin. Les arbres n’ont pas encore étendues leurs branches assez loin pour filtrer toute la lumière, mais cette tranquille verdure contraste agréablement avec le chaos et le bruit qui s’échappe de l’intérieur.
Squellete rouillé d’un immense animal marin qui se serait échoué ici à une autre époque, la charpente métallique résonne de ses milliers de rivets mais ne bronche pas, renvoyant l’écho de l’activité qui fourmille en son sein.
Les cris joyeux des enfants, les crayons qui rêvent et tracent des plans, la matière qu’on coupe, brûle, éttire, plie, malmène au gré des expériences. Les projets qui prennent forme, ceux qui tombent à l’eau, d’autres qu’il faut recommencer, et toujours le même enthousiasme.

Ces espaces de créations serait donc également des lieux de vie sociale, pronfondément vivants, comme la place du village autrefois.
On y croiserai les abonnés fidèles, les piliers de comptoir du Do-It-Yourself et leurs précieux conseils, les « casu » venant faire un check-in juste pour la connexion internet et essayer de bouter le mayor local sur Foursquare, les curieux qui ont vu de la lumière, entendu de la bonne musique, et on simplement passé le paillasson disant « This place is fantastic because of you », ou encore madame Michu qui vient faire recycler les sandales de sa fille pour lui faire une nouvelle paire, plus jolie et une taille au-dessus. Sans même parler des hackers, des bidouilleurs, des artistes, et de tout le joyeux beau monde qui s’éclaterait par ici.
Dans cette structure, disons associative-à-but-non-lucratif et fonctionnant sur le même modèle économique que les Hackerspaces déjà existant, un designer intégré pourrait autant y jouer le rôle de conseiller (avant/pendant/après la conception ou sans trop intervenir pour que l’on puisse apprendre de ses erreurs ou faire un truc inattendu potentiellement utile pour autre chose), que chargé d’un projet particulier pour la collectivité, ou participer à tout sujet de réflexion qui se présente.
L’application concrète d’une forte polyvalence du « penser/faire », directement au service des gens et de manière pédagogique, c’est en tout cas comme ça que je conçois mon métier.

Et justement, aujourd’hui, la petite communauté ayant atteint une taille un peu plus respectable, on ma demandé de concevoir une sorte d’objet, qui serait l’expression de l’esprit des lieux.
Entre le blason qu’on serait fier de posséder et une carte de visite que l’on aimerait offrir, pour attirer d’autres personnes ou promouvoir le FabLab. Il ne va pas être simple de matérialiser l’essence de tout cela, mais ça promet d’être sympa.
La référence à la culture steampunk pourrait être judicieuse, avec le parallèle historique suivant : après une sombre période l’ingéniosité humaine s’est réveillé, et la fascination des techniques nouvelles laisse rêveur quand aux merveilles qu’elle rend possible, promettant une seconde Renaissance.
Parmis ces techniques il y a notamment l’impression 3D, par dépot de fil (ayant bientôt achevé mon imprimante , pour ce qui concerne la réalisation). Je ne suis pas véritablement arrêté sur ce point, mais il
me semble que c’est un point de départ intéressant, au croisement de toute les contraintes.
On pourrait développer une esthétique particulière en jouant avec les caractéristiques propres à cette technique de fabrication : texture, stratification, mais également des formes et constructions impossible à réaliser autrement. Il y a moyen de pousser ceci très loin (accroche de la lumière, diffusion selon l’orientation du fil, translucide, opaque, etc). Ce qui en soi démontrerait un savoir-faire, mais donnerait également toute l’identité de l’objet, à la fois original et fascinant par cette esthétique de la technique.
Sans oublier le logo du FabLab. D’ailleurs, et si le logo (puisqu’il n’existe pas encore) et l’objet ne faisait qu’un ?
L’objet serait également de petite-taille, tenant facilement dans la main (pas plus gros qu’une pomme) et ça tombe bien car le volume de la machine ne dépasse pas 20x20x14cm.
L’estime de l’objet découle donc pour une bonne part de sa technique de fabrication, mais son éventuel usage/mécanisme n’est pas encore fixé. La fonction qu’il remplirait serait plus futile que véritablement utile, témoignant du coté amusant de fabriquer ses propres objets… ou tout autre trucs un peu marrant qui fait *schboing* (en essayant de ne pas tomber dans le kinder surprise quand même).
En lien direct avec l’esthétique steam-punk on pourrait retrouver des rouages, pignons, et autres assemblages merveilleux, à la frontière du bijou, de l’horlogerie d’orfèvre.
Ou bien au contraire le mécanisme pourrait être complêtement invisible, intégré à la matière elle-même, selon la souplesse, sa forme, structure, etc. Léger, délicat, pouvant apparaitre comme fragile mais pourtant résistant, manipulable sans craintes (« un
bon objet ne s’expose pas il s’utilise » disait Hans Guggelot, tout comme ici on n’a pas peur de faire un peu de poussière en travaillant ou tout déplacer s’il le faut).
Avec le temps il est possible que l’objet se décolore (dépend du/des plastique(s) choisi) s’use ? Il serait bien que ce phénomène ne soit pas tragique, mais au contraire (si possible) pensé pour que l’usage et le temps lui donne plutôt un certain charme. C’est peut-être cela qui permettra à tout le monde de s’approprier différemment ce même objet.
Dans tout les cas j’aimerai qu’il reste relativement simple (mais pas simpliste), convenant d’autant mieux avec l’abscence d’électronique que la « bonne vieille mécanique » à ce coté rassurant de ne jamais tomber en panne, d’être increvable ou au pire de pouvoir être réparée…
Pour le choix de la matière : de nombreux plastiques s’offrent à nous, mais le PLA serait peut-être l’idéal, étant à la fois recyclable et biodégradable (cette dernière caractéristique pourrait rejoindre l’idée d’usure).
En une seule pièce ? Objet-modulaire ? Objets-module, pouvant former une structure plus grande ? On pourrait aussi introduire une variation à chaque pièce (pas mal pour l’idée d’association, unique, des gens).

En 3 phrase :
Une sorte de truc, machin, bidule, gizmo, gadjet mais qui ai du sens.

À la fois complexe et simple, astucieux par cette mécanique et son usage.

Et (peut-être le plus dur), qui ferait la synthèse du potentiel de cette technique d’impression 3D.

En 3 mots : « bidule, astucieux, imprimé »

Pour l’éventuel imprévu, le pire serait que la machine tombe en panne, auquel cas il devrait quand même y avoir moyen de se débrouiller à la main (découpe simple, empilement de strates…), en faisant appel pour l’occasion aux membres du FabLab (on aurait donc une issue de secours pour pouvoir dans tout les cas produire au moins un exemplaire de notre fameux objet).

C’est pas facile quand on voit tout les bidules qu’on peut déjà trouver sur Thingiverse, mais on verra bien ^^