Un postulat -Naturel- (1/3)

Il y a encore beaucoup de réflexions que j’ai envie de partager ici.
Mais aujourd’hui je crois qu’il faut commencer par celle qui est un peu à l’origine de tout.

Qu’est ce que le design ?

Dans mon tout premier post j’évoquais déjà cette question récurrente.
Après quelques hésitations, voici donc un essai assez libre commencé durant l’été :

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(novembre 2009)

That’s what Design is.

« Mes projets existent toujours potentiellement, je n’ai jamais l’impression d’inventer… juste de trouver quelque chose, et de le proposer, le poser avec discernement. » disait Martin Szekely dans une explication de sa démarche.
De la même manière je n’ai pas la prétention de réinventer ici le design, mais simplement de partager une vision de ce qui me semble être une vérité générale.

Ne nous embourbons donc pas à essayer de définir les frontières entre art, ars, artisan, design, industrie, dessein, dessin, etc.
Et si on repartait plutôt du début ? La pratique du design « concevoir, créer ». La création.

« Natural Thinking »

Le Design, avec un grand D, le Bon design, celui dont parle Ettore Sottsass quand il le décrit comme une philosophie de vie et même une manière de concevoir le design.

Pour moi c’est : « raisonner naturellement », au sens de « si on était la nature, comment ferions nous ? »… Si la nature avait créée cela, comment serait-il ?

Dans tous ses aspects il serait parfait, évidemment, « la nature fait bien les choses » dit justement l’adage.

La Nature c’est « tel que ça devrait être ». Cette idée de l’inconscient collectif, ce monde des idées dont parle Platon (l’intelligible) d’où tout émerge, et qui résonne profondément en nous tous. La perfection essentielle.

Instinct, intuition, pourrait on dire ?

Je ne crois pas en une « force supérieure » qui dirigerait le destin du monde, c’est une facilité humaine pour se dire irresponsable.
Par contre je suis convaincu qu’il existe une sorte de lien global entre tout. Cette sorte de trame universelle (hors du temps et de l’espace) commune à absolument chaque atomes que décrivent les scientifiques.

Tout est dans tout.

Si je n’étais pas un être humain, je serai peut-être un arbre. J’ai grandit en puisant dans tout ce qui m’entoure, et après 21 ans je crois avoir compris (enfin je dit ça car il me semble que je soit enfin capable d’expliquer cette pensée)
« If you can’t explain it simply, you don’t understand it well enough » Albert Einstein.

A mesure que je me nourri les connexions se créent, des liens apparaissent, de la même manière qu’entre des neurones.
Comme pour les atomes, il y a quelque chose qui résonne entre toutes les belles citations qu’on peut lire, entre les plus vieux proverbes et les pensées les plus brillantes.
Cette réflexion est parsemée de citations mais en voici encore trois :

« Les rayons de la roue convergent au moyeu. Ils convergent vers le vide. Et c’est grâce à lui que le char avance … Ainsi, l’homme construit des objets, mais c’est le vide qui leur donne sens. C’est ce qui manque qui donne la raison d’être » Lao Tseu.

« Tous les aspects de nos vies sont, dans un sens, un vote pour le type de monde dans lequel nous voulons vivre » Frances Lappe.

« La perfection ce n’est pas quand il n’y a plus rien à ajouter, mais quand il n’y a plus rien à enlever » Antoine de St-Exupéry.

Ne voyez vous pas un « petit quelque chose » que partagent toutes ces phrases ? Pour résumer : elles paraissent désarmantes d’évidence, car pour moi elles s’approchent de cette indescriptible chose universelle (la Raison, la Nature, le Bien, le Bon Sens ?).

Finalement le mot m’est venu naturellement, si j’ose dire, alors que je cherchais justement à le définir.

 « Qu’est-ce que cette chose indescriptible que je perçoit dans tout ? »
 « Qu’est-ce que le Design ? »

Les deux questions bouillonnaient inconsciemment en moi… Jusqu’à ce qu’elles se rencontrent, se collent et se résolvent parfaitement. (Comme Matière+Anti-matière)

Le Design, c’est la synthèse de tout.

Usage, Technique, Estime, Sens, Simplicité…Synthèse.
(Diagramme/logo et réflexion, comme pour la poule et l’œuf il m’est impossible de dire lequel est d’abord arrivé, c’est plutôt comme si un déclic s’était opéré et concrétisé ainsi)

À 21 ans j’ai encore beaucoup à apprendre, « je ne sais rien », mais depuis cet été le monde me paraît déjà beaucoup plus limpide.
Je percevais quelque chose sans le comprendre vraiment. Comme ces anciens textes dont on découvre le sens après des années de réflexion.

L’humanité est comme un cancer qui ronge la planète, enfant je me suis rendu compte de cela et j’aurai voulu que nous n’ayons jamais existés, mais la mort n’est pas une solution (autrement je serai devenu un terroriste façon Fight Club), c’est un raisonnement humain, c’est encore une facilité.
Dans la nature, la mort n’existe pas il n’y a que la vie, le changement, l’évolution.

Mon but, si il en faut un pour être compris, est donc de participer à cette « grande image ».
Le monde est imparfait et je ne peux pas ne pas agir…
Je suis devenu designer, créer est la petite contribution que j’apporte pour améliorer les choses, « corriger le tir », nous rapprocher de « ce qui devrait être ».

Et si « il est dans la nature humaine de penser sagement et d’agir de façon absurde », alors je ne suis plus humain, espérant réussir à suffisamment me dégager du « moi » (la nature humaine) pour être « rien » et donc « tout ». L’harmonie, la synthèse, le Design.

Stop thinking.
Start doing.
Let’s save the world.

Mais une cellule ne fait pas un corps. Pour lutter contre le cancer il faut donc d’abord évoluer avec les autres cellules proches, qui vont peut-être ensuite à leur tour propager le changement.
Voila pourquoi j’essai de m’adresser au plus grand monde.

L’Homme a perdu la connexion avec son méta-système. La conscience de faire partie d’un grand tout. Exception de la nature, aveugle, il est le seul animal capable de scier la branche sur laquelle il se trouve.
Et malgré tout il est le seul à détenir le pouvoir de changer les choses, réparer ses erreurs.

J’aime réfléchir et théoriser, mais vient à présent la nécessité d’agir. L’année qui arrive me semble une bonne occasion de mettre cela en pratique.

« Faire fleurir l’adéquation, pour qu’à leur tour les autres puissent semer. » (Comme dit la concierge, à moins que ça soit la petite fille, dans L’élégance du hérisson)
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Viendrons ensuite 2 grandes parties qui y font suite :

-L’explication du diagramme/logo
-Une illustration de mon processus de conception (la théorie de la grappe et de l’aquarium^^)

(haha, des mots à propos d’un dessin, puis un dessin à propos d’une pensée…curieux quand même de voir ces différentes explorations, qui finalement ont la même source… une recherche de sens ?)

Et puis si vous aimez les manifestes et autres déclaration de ce style en voici quelques uns :

A manifesto to improve design – Thinking aloud
The builders manifesto
Incomplete Manifesto For Growth

Après avoir statué cela dans mon coin il est toujours plaisant de voir des points de vue similaires dans cette idée entre « design, nature et synthèse », et cela depuis des dizaines d’années :

The Biomimicry Institute
Its all about synthesis
Social Biomimicry : Insect Societies and Human Design

Why visualizations are so fascinating ?

A possible explanation // Graphics // Tools // Resources


1) At the cross-road of the intelligible and the sensible world ?

We’re naturally lazy : as the falling water we prefer to take the easier path. And the vision is one of our most used sense (imagine you’re blind and you « see » that’s a basis for our interactions in the society).

So when a thing is visually explicit it’s better. Like when we use metaphor verbally (as the « drop of water » just above).
A picture is worth more than thousand word, and its almost universal without the barrier of the language (« almost » because a minimum of knowledges are needed to decipher the meaning).

Information graphics = visual cognition = a kind of Synesthesia ?

Where complex information needs to be explained quickly and clearly

When raw data or abstractive concept are made tangibles, they became limpid in their whole perception.

Elementary scheme of the conversion of data into wisdom.Source: Graphic by the author adapted from the one present in the article « An Overview of Understanding » by N. Shedroff in  the book Information Anxiety 2 by R.S. Wurman. (infovis.net)

At the beginning, I wanted to make this post after the discovery of Freemind, an application to build mind maps.
I was struggled with a complex thinking, and this tool helped me to organize it. (link at the end)

After that I noticed more and more good things related to this topic. So I made this list, for examples, tools, other things… Enjoy 🙂

2) Let’s see some examples:

The Conversation Prism

Wine Flavor Viz

The Spectrum of User Experience

Map of the Future

Planisfero Roma, Stalker 1955

The Biggest Story of Our Time

The Internet Mapping Project by Kevin Kelly (via graphism.fr)

Please design a logo for me. With pie charts. For free. (fun to read)

Lord of the Ring, visualized

The hierarchy of digital distraction

Walt Disney’s Creative Organization Chart

Visualizing information flow in science

A periodic table of visualization methods

The most impressive classification I’ve ever seen. With an example for each methods.

And if you are still thirsty:

3) Tools :

Specially for Twitter

For searches:

4) Links and resources :

Specialized websites

Some more lists:

Thanks for reading !

The organization of this post evolve permanently, in order to classify and improve the examples and links related to visual thinking.

Eco-wave // Conscious crisis // Design power

(anté-postage d’un brouillon qui datait d’octobre, concernant le contexte actuel et le rôle que les designers auront à y jouer.)

Méfions-nous des vertes sirènes du marketing environnemental.

On pourrait penser que les politiques de sensibilisation lancées il y a bientôt dix ans ont pleinement portés leurs fruits, peut être même un peu trop.
L’idée était basée sur le fait qu’en éduquant les gens leurs habitudes de consommations changeraient, la demande évoluant cela aurait forcé une adaptation de l’offre.

Néanmoins c’est récemment que la tendance a véritablement explosé, si l’incitation avait eu peu d’effet, la menace que représente le réchauffement climatique et un dangereux dérèglement de notre écosystème a très fortement marquée les esprits. L’attente est donc bien là, et l’offre se trouve à présent dépassé de loin par la demande !

Le second impératif nécessaire : un cadre législatif et normatif favorisant le développement durable, est enfin en place (grenelle de l’environnement, EUROPEN, ISO 26000, etc.). Étrangement si dans les pays anglo-saxons l’industrie a déjà rapidement pris le pli (Abott, Asda, Wallmart…), en France les faits sembles moins nombreux.
Voyant tout ces événements des questions apparaissent rapidement. Pourquoi, alors que la France s’en sort relativement bien dans le contexte de crise, la majeure partie de ces changements a lieux hors de l’hexagone ? Est-ce une approche différente ? Un temps  d’application des lois ? Une réticence au changement ?

en quelques mois les iniatives se sont multipliés, ne serait-ce qu’en pensant aux distributeurs et aux cartons de dentifrice par exemple… (même si ce n’est pas révolutionnaire)

Pour réagir et essayer de répondre à ces nouvelles attentes, la majeure partie de l’offre a trouvé plus simple d’avoir l’air, plutôt que d’être…entraînant malheureusement plus de «green-washing» qu’une véritable écoconception.

Selon une étude de Terrachoice sur le marketing environnemental, seul 2% des produits mis sur le marché sont effectivement « éco ». Le reste relève plus ou moins du green-washing (extrait article, les 7 pêchés)
 Ce n’est donc pas seulement les politiques de sensibilisation, mais la conjonction de nombreux facteurs qui sont à l’origine du phénomène actuel.

Prise/Crise, de conscience, ce que révèle le green-washing.

Cette tendance est le signe qu’un changement est en train de se produire dans nos sociétés.
Les situations difficiles ont toujours été l’occasion d’une profonde remise en question, d’analyser le schéma qui nous a conduit à cette situation et d’essayer de trouver de nouveaux modèles pour ne pas reproduire nos erreurs.
Aujourd’hui plus que jamais les masses d’individus ont conscience de faire partie d’un tout, mais sans abandonner leur individualité, les deux notions cohabitent (Factor Ten, paradoxe Alone together).

Curieusement, à l’ère ou l’individualisme s’est exacerbé, la notion de communauté fait son retour, par le biais des réseaux sociaux et d’Internet notamment. Et les idées circulent plus librement que jamais.

Quel rôle pour le designer dans tout cela ?

L’idée que les designers aient un rôle important à jouer est à présent largement partagé dans le domaine de la création. Et de nombreux designers s’accordent sur le fait que l’on ne peut plus créer de manière aussi irresponsable. Dans l’idéal toute production devrait être pensé entièrement, de A à Z, afin de s’intégrer à ce « tout » existant sans en perturber l’équilibre, voir même en lui permettant de retrouver une forme de stabilité (maîtrise de l’entropie), ça peut paraître évident mais pourtant c’était encore loin d’être systématique.
Forte demande pour des produits, offre bégayante…Les designers s’emparent de la questions, réalisant les conséquences et les responsabilité qu’implique le pouvoir de créer.

Il y a toujours eu des personnes pour montrer cette voie, mais ils étaient relativement marginaux, aujourd’hui ce sont de véritables communautés de designer qui prennent le relais et se fédèrent autours de ces valeurs. On parlera moins de figures emblématiques que des groupes comme « Design Accords » « Design 21 » « GOOD » ou le très parlant « A Better World By Design », chacun d’eux représentant des milliers d’individus impliqués dans ce changement.
En m’interrogeant sur ce qu’était/devait être le design, j’ai développé peu à peu une vision qui rejoint cette idée, en effet avec le temps je me suis rendu compte que je suivais en fait les traces montrées par nos prédécesseurs.
Mon positionnement se situerait donc entre la responsabilité et la volonté d’on faisait preuve V. Papanek et l’intérêt qu’avait Frei Otto pour la Nature comme source d’enseignements et d’inspirations techniques.
Il y a toujours un décalage entre la prise de conscience et l’évolution de nos pratiques collectives et individuelles. Mais à observer le reste du monde je me suis dit que c’était d’autant plus le «bon moment» pour agir ici. Le plus dur sera donc l’application concrète de ma posture et de ces bonnes intentions.

http://www.core77.com/blog/events/designers_accord_san_francisco_town_hall_reflections_and_photographs_13450.asp

http://www.good.is/post/Design-A-New-Engine-for-Society/


http://www.good.is/post/steal-this-design-the-power-of-sharing-best-practices-in-moments-of-disaster/

Le changement ne vient pas, il est déjà en train de se produire en ce moment même…