Début décembre j’étais au Forum Innovafrica à Ouagadougou, pour animer un atelier de construction de machines !
Beaucoup de choses ont déjà été publiées sur cet événement et je vous invite donc à vous balader dans notre exhaustif Pearltree pour aller voir tout ça, notamment cet article de Tété Enyon et les émissions de RFI que vous pouvez commencer à écouter (ici, là, là, et là) tout en lisant la suite 🙂
Néon-Poussière-Jakarta
Retour de 2 semaines intensive sur les FabLabs au pays des hommes intègres:
« My country is the world » je me sens partout chez moi, mais il y a toujours quelques surprises; l’avion étant arrivé le soir ma première impression de la ville fut marquée par l’éclairage publique, en fait principalement assuré par les néons blancs des nombreux commerces bordants les rues, suivit de l’omniprésente poussière rouge portée par le Sirocco, et les fameuses « Jakarta » ces petites motos avec une assise de scooter, bien pratiques pour se déplacer et peut-être le moyen de transport le plus utilisé par ici .
Pour le comment-je-me-suis-retrouvé-là (après les précédentes aventures à Nantes/Barcelone/…) : InnovAfrica, c’est la fête de l’innovation Africaine, axée nouvelles techno, innovation sociale et développement. Pour cette 3ème édition on m’a proposé de venir animer un bootcamp (la semaine précédent le forum) pour construire des fraiseuses numériques, dans l’idée de montrer le résultat durant le forum et surtout lancer la dynamique des FabLabs au Burkina.
Bref, pas eu a hésiter longtemps, toujours partant pour ce genre de trucs 😉
Grâce a Gerry, le serveur ramené par Simon, on a pu profiter d’une connexion Internet via clé-3G (qui était même étonnamment puissante) pendant tout le séjour. Du coup j’ai pu uploader régulièrement des photos de notre avancement et de ce qu’il se passait sur Flickr (269 photos, 9 vidéos).
Tout se passait dans l’enceinte du CFPR (Centre de Formation Pastorale Religieuse), où étaient à la fois les logements et les salles réservées pour travailler. Ce qui permettait de ne pas perdre de temps en transport et finalement être plus serein, l’inconvénient : dur de s’arrêter le soir ^^’
Une partie de ce qui est consommé est produit sur place; parfois le matin on tombe sur les brebis, qui vont vous suivre un petit moment |
C’était un chouette cadre, en ville mais au calme, ça faisait presque colonie de vacances, bien qu’un peu spartiate (mais ça va j’ai vu pire).
Bootcamp
Cela fait déjà un moment que le Réseau des Correspondants, InnovAfrica, la Fing, etc. voulaient lancer la dynamique FabLab en Afrique francophone (la partie anglophone étant déjà bien équipée, le MIT y ayant ouvert les premier FabLabs). Et même si le coût des machines équipant un FabLab diminue chaque année, les faire soi-même reste le plus économique. Le but était donc de construire une des machines de base d’un FabLab : une fraiseuse numérique ou CNC (même si ça veut juste dire computer numerical control, comme c’était les premières machines pilotées par ordi le terme leur est resté associé).
Le choix de construire une CNC plutôt qu’une RepRap par ex. était pertinent dans l’idée de pouvoir utiliser de la matière première déjà disponible, et éviter de devoir importer les bobines de plastiques consommée par les imprimantes 3D. Mais ce sont des machines qui les ont également beaucoup intéressés, et une fois les projets de type RecycleBot plus au point ça pourrait être carrément faisable pour en plus recycler une partie des déchets plastiques.
D’ailleurs j’ai appris que suite à une crise dans les années 90, le Burkina a du fortement se tourner vers une économie locale (par ex. si vous voulez une bière prenez une Brakina). Cela et beaucoup d’autres découvertes (+printemps arabe et événements récents) mon rappelé que malheureusement l’histoire de l’Afrique n’était pas vraiment enseignée à l’école, et c’est bien dommage…
Choix intéressant, même si jusque là je n’avais jamais construit de CNC et encore moins pu en utiliser… Mais ça c’est pas grave, on a tous appris en faisant ^^ comme les participants ont pu le démontrer le plus important c’est la motivation (une machine en 3 jours, la 2ème en 1jour!).
la première machine une fois montée, reste à cabler l’électronique |
un de nos premiers test d’usinage, la carte du burkina |
un des porte-clé Innovafrica 🙂 |
La première soirée du forum était consacrée au CdP-Afrique, où c’était l’occasion pour des porteurs de projets (comme le Cardiopad, Calculateur28, etc.) préalablement sélectionnés de mieux se faire connaître. Il y avait d’ailleurs quelques ministres et d’autres gens importants dans la salle, j’avais encore rarement vu une ambiance aussi officielle (avec les formules d’usages pour se présenter et saluer les personnes présentes) sinon les présentations de projet duraient 6 minutes.
Vu qu’il avait été proposé de montrer le résultat du bootcamp et le projet des FabLabs de Ouaga, on a rapidement conçu une petite présentation, ensuite entièrement assurée par Evariste Millogo et Gildas Guiella.
« voyez l’impact, le potentiel, d’une seule machine, imaginer maintenant celui d’un FabLab complet… » |
Comme pour le Cardiopad, plusieurs salves d’applaudissement ont ponctuées les moments forts de la présentation et à la fin s’est même achevée sur un tonnerre d’enthousiasme ! (une partie de la salle était peut-être même debout à moins que je ne l’ai rêvé)
C’est là je crois ma plus belle récompense, de voir qu’ils se sont largement approprié le sujet, ses enjeux, et se débrouillent parfaitement pour le communiquer à leur tour, et prendre le relais pour porter les Ouaga-FabLabs.
« L’animation c’est travailler à se rendre inutile » disait si justement Sylvain; après coups ça me rappel un précédent post (world of design), ou quand une prof nous expliquait en cours de Management qu’il fallait casser les dépendances.
Il était une fois… les FabLabs au Burkina ^^
En tout cas, comme le disait Jean-Michel Cornu dans son discours d’introduction du Carrefour, c’est un moment historique à plus d’un titre, dans ce contexte de crise il faut en effet savoir que le sud est plutôt en bonne voie (voir aussi l’article de The Economist « The hopeful continent: Africa rising« ), et comme les projets présentés ce soir le confirment, l’Afrique suis rapidement le chemin de la révolution numérique (en espérant juste que le développement de l »infrastructure suivra). Il va falloir être attentifs des leçons que le sud pourrait nous enseigner.
« Des pays neufs seront + ouverts à l’innovation que les pays où les choses sont structurées » dixit Tété
Pour en revenir aux FabLabs, je dirais qu’en Afrique ça promet de bien prendre car derrière il y a un gros potentiel de création d’activités/emplois et d’une sorte d’industrialisation douce/locale dont les gens saisissent vite l’intérêt. Par exemple des représentant de l’ANPE d’autres pays étaient présent et sont intéressés pour faire des bootcamps similaires et essaimer le concept (ça parait même facile de monter des trucs ici en comparaison ^^’). Dans les années à venir ils pourraient passer directement d’une situation avec peu d’industrie à un système peer-to-peer que l’on aimerait nous aussi pouvoir mettre en place.
Il sera donc intéressant de suivre l’adaptation du concept de FabLab, en terme de budget, démarches, politiques à convaincre ou même simplement à cause des conditions d’utilisations des machines (poussière).
La cérémonie de clôture du forum était en fait la célébration du commencement de 18 actions concrètes à venir (voir le .pdf).
Dont deux futurs FabLabs, qui on été chaleureusement accueillis par la communauté et le MIT (cf) !
Quantité de choses apprises/partagées, plein de chouettes souvenirs de la famille #InnovAfrica et l’envie de remettre ça au plus tôt pour retrouver tout le monde 🙂
Il faut les connaîtres pour savoir mais le monde est plein de gens formidables qui œuvrent à l’améliorer, et ça ça me fait d’autant plus garder espoir. |
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Bonus:
La recette pour préparer le bissap, que j’me suis fait d’après celles trouvées sur le net et divers conseils, qui ressemble pas trop mal à celui qu’on a pu boire : 15gr de feuilles d’hibiscus séchées pour 1 litre d’eau; plongées pendant 10min dans l’eau bouillante avec un petit peu de menthe et 80gr de sucre; enlever la casserole du feu; ajouter une pincée de bicarbonate (goûter et recommencer si besoin); retirer les feuilles; mettre en bouteille et laisser refroidir (5h on lit parfois), servir bien frais 😉
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A propos du sentiment d’être « partout chez soi »; c’est curieux mais même gamin j’avais déjà l’impression, à partir du moment ou je reste plus de 5min dans un endroit, à le considérer comme ci c’était une île déserte sur laquelle j’allais rester pour toujours (par exemple dans une salle d’attente on pourrait rapidement repérer les endroits les plus intéressants ou réfléchir à comment aménager ça, l’adapter, construire une cabane, comment on s’organise,…). Si avant je trimbalais simplement mon imagination, aujourd’hui le fait d’être facilement connecté au reste du monde y participe beaucoup (un ordi portable, une connexion internet, et peu importe où on est). Ce coté nomade sans point d’attache est à la fois agréable (grisante liberté) et parfois déstabilisant, c’est embrasser le monde entier et potentiellement pouvoir aller n’importe où à l’improviste, mais aussi ne pas avoir de forts points de repères.
C’est pour ça que j’aime bien cette citation (et tout le personnage) de Thomas Paine : « My country is the world… And my religion is to do good »
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Et meilleurs vœux pour cette année qui s’annonce formidable ^^