Questions numériques 2011-2012

Le 26 octobre dernier avait lieu une journée organisée par la FING pour réfléchir a 7 tensions et défis identifiés, pour anticiper et imaginer l’avenir ensemble.
J’avais notamment pu participer aux ateliers « par tous/pour tous » et « early adopter/bottom of the pyramid ».

Si je post ça c’est que récemment a été publié le cahier d’enjeux, ouvrage prospectif faisant la synthèse de ces réflexions, comme autant d’orientations à prendre pour la suite.
Hop tous les document sont à retrouver par ici : http://fing.org/?Cahier-d-enjeux-des-Questions 🙂

The Blue Economy // Cas 37 : Peinture Isolante

Depuis bientôt un an, The Blue Economy (cf précédent post) présente quasiment chaque semaine une innovation tirée du livre du même nom.
L’objectif étant de créer 100 millions d’emplois avec ces 100 innovations, en 10 ans (pas mal hein?).

pot
pot en terre cuite (cc) tassleflower

Celles-ci sont généralement inspirée de la nature ou de principes physiques, avec souvent un coté « mince on aurait du le faire depuis longtemps »…

Vers décembre, un cas particulièrement intéressant était présenté : celui d’une peinture isolante qui était utilisée jusqu’ici pour l’isolation des fusée par la JAXA (ou Japanese Aerospacial eXploration Agency).

Un truc balaise quoi. Et pourtant assez simple vous allez voir.

J’allais proposer de faire une traduction de la fiche concernée (http://www.community.blueeconomy.de/m/news/view/Insulation-Paint), mais ça tombe bien en contactant le ZERI ils m’ont dit que la version française avait été récemment terminée. Du coup la voilà ci-dessous :

Cas n° 37

La peinture isolante

Le marché
En 2009, le marché mondial des matériaux d’isolation a atteint un peu moins de 37 milliards de dollars. La demande devrait progresser chaque année de 4,6% jusqu’en 2014. Le marché chinois a la plus forte progression de tous les pays avec une croissance des ventes annuelles de 8,2%, atteignant en 2010, 24 milliards de yuans, soit 3,6 milliards de dollars. Le marché américain  continue d’augmenter avec une solide croissance de 7,4%, représentant 7,1 milliards de ventes pour la même année. Le marché européen, qui avait déjà beaucoup investi dans l’isolation grâce aux programmes gouvernementaux d’incitation fiscale de ces dernières décennies, est plutôt atone.

Les deux produits d’isolation leaders sur le marché, la mousse synthétique et la fibre de verre, représentent 75% des ventes dans le monde entier. Cependant, la croissance la plus rapide en nouveaux produits est celle de l’isolation obtenue à base de cellulose. De nombreuses start-up, comme Termoträ en Suède, ont débuté il y a 20 ans en recyclant les déchets de cellulose de l’industrie de la pâte à papier, en transformant les fibres courtes, dont la taille se situe en dessous du minimum requis pour la fabrication du papier, en isolant naturel, sec et facile à mettre en œuvre. Alors que le coût de la matière, de la production de l’isolant est toujours le principal facteur déterminant sa compétitivité sur le marché, in fine, le prix est déterminé par le coût de sa mise en œuvre. L’industrie investit pour réduire la main-d’œuvre, en développant le choix de l’isolant en préfabriqué.
La valeur d’isolation des matériaux est extrêmement variable. La résistance thermique est mesurée par R, valeur égale à l’épaisseur du matériau et divisée par sa conductivité. L’isolant le plus efficace sur le marché est le Barrier Ultra R, produit par Glacier Bay, avec un R égal à 50, soit dix fois la valeur d’isolation de la mousse polyuréthane. Il est constitué d’aérogel qui est un gel dont le liquide a été remplacé par un gaz. En fait, la performance est si bien établie et convaincante, que les fabricants offrent une garantie complète de 25 ans.

L’innovation
La recherche de nouveaux matériaux d’isolation, sains et durables, a récemment débouché sur de nombreuses innovations sur le marché. Comme la fibre de verre favorise la prolifération de moisissures, et que la mousse  pulvérisée peut générer des dégagements chimiques gazeux pendant des années, la recherche de nouveaux matériaux a même conduit à recycler des jeans en denim comme isolant sur le marché. Les fibres de coton obtenues à partir de vieux jeans sont aussi efficaces que la fibre de verre. Les produits retardants le feu, utilisés comme isolants (voir Cas N°16), sont une composante essentielle dans le développement de l’industrie orientée vers la santé et la durabilité.
Cependant, le défi majeur auquel sont confrontés les matériaux d’isolation de tous types, réside dans leur encombrement. Le matériel impose d’avoir beaucoup de place, ce qui en limite la mise en œuvre.

Tatsujiro Ishiko, Président de Nissin Sangyo Corporation, observa le  développement des matériaux isolants très performants, à base de silice (céramique), par l’Agence Japonaise d’Exploration Spatiale (JAXA), l’équivalent de la NASA aux États-Unis. Les scientifiques réalisèrent un mélange composé à 80% de billes de silice de différentes formes, de la taille du micron, et pour 20% de peinture usuelle; en les faisant flotter en apesanteur, ils créèrent, depuis l’espace, une innovation pour un coût, travail et matériel, compétitif. En peignant l’intérieur et également l’extérieur avec des «billes de peinture», on améliore l’isolation. La couche extérieure reflète la chaleur solaire, et la couche intérieure empêche la perte d’air frais de la climatisation. Et l’inverse se produit en hiver: les billes de silice déposées par la peinture empêchent à la fois le froid d’entrer et, en même temps, une déperdition de chaleur vers l’extérieur. Ishiko-san mit la technologie sous licence pour la commercialiser en dehors de l’industrie aérospatiale de la JAXA et créa la marque Gaina.
Ishiko-san a remarqué que l’air frais de la climatisation crée rapidement une paroi froide sur toute la partie intérieure peinte; grâce à cela, la température ressentie, calculée comme moyenne entre la température de la paroi et celle de l’air, se trouve améliorée. Nous oublions souvent que l’énergie consommée est principalement due à l’échange de chaleur ou de fraîcheur avec les murs. Si la température sensorielle pouvait chuter d’un degré en été, ou s’élever d’un degré en hiver, alors, selon la recherche scientifique de la Société Tokyo Electric Power (TEPCO), cet écart de température de 1° représenterait un gain de 10% en énergie. Cette innovation, à base de physique élémentaire, permet d’utiliser la peinture comme matériau isolant, facile à appliquer et transformé en produit multifonctionnel. C’est l’un des principes fondamentaux de L’Economie Bleue.

Premier marché
La première application couronnée de succès concerne le logement et l’industrie du bâtiment. Cette double enveloppe permet d’économiser 30% d’énergie en été et 20% en hiver, en supprimant de facto le recours aux matériaux d’isolation. Pour cela, il suffit de choisir le type de peinture approprié. Alors que la peinture, élaborée au début au Japon, revenait plus chère que la peinture standard du marché, une nouvelle unité de production, prête à entrer en service, va réduire les coûts de production tout en offrant un net avantage aux propriétaires qui renforceront l’isolation de leur habitation en la repeignant.

L’opportunité
L’une des avancées de cette innovation est qu’une mince couche de peinture appliquée au pinceau ou au pistolet rivalise avec des centimètres de matériau isolant. Cela ouvre de nombreuses possibilités d’économies d’énergie dans les secteurs contraints par leur espace. Les plus grandes compagnies maritimes appliquent cette peinture innovante pour les ponts des navires. Depuis que les billes sont en silice, elle devient résistante aux rayons ultraviolets (UV) ce qui renforce l’efficacité, à la fois de la peinture et de l’isolation. Le rendement énergétique des voitures et des autobus est amélioré grâce à l’application de GAINA©, la nouvelle marque de peinture d’isolation, en réduisant  l’accumulation de chaleur en été. Peut-être, les plus grandes économies sont-elles réalisées par les conteneurs et les camions frigorifiques. La répartition immédiate de la chaleur ou du froid à travers la couche de minuscules billes, empêche également la condensation, principale cause de développement des moisissures. Le Temple Todaiji, l’un des prestigieux sites du Japon, reconnu au patrimoine mondial par l’UNESCO, applique la peinture pour économiser l’énergie et protéger ses trésors des moisissures.

Alors que la durabilité a été démontrée jusqu’à dix ans, l’arrivée de produits multifonctionnels permettant d’économiser l’énergie, résistant aux UV,  empêchant la rosée, isolant du bruit et absorbant les odeurs, en fait un produit compétitif. Après tout, nous ne devons pas oublier que ce revêtement à base d’eau est aussi une peinture, dont les 52 couleurs différentes permettent d’égayer notre cadre de vie. Cet éventail d’avantages multiples crée une nouvelle opportunité pour les entrepreneurs qui cherchent à devenir leaders du marché dans l’industrie de la peinture et de l’isolation. L’accès à ces marchés permet désormais aux entrepreneurs de devenir d’un seul coup des leaders industriels sur les deux marchés. David ne peut pas seulement se contenter de défier Goliath, il peut s’attaquer à deux Goliath simultanément. Une  opportunité qui n’est pas souvent viable dans une économie de marché pour les entrepreneurs en herbe.

Traduction française : Xavier Jacquemart
Images : StockXCHNG

Pour en savoir plus : www.zeri.org ou www.blueeconomy.de

Le site du fabricant Japonais : http://gainaus.com/
Un site moche mais avec plein de graphiques : http://www.sistacoat.es/menu-e/docs/gainaPresentation.htm (montrant par exemple que d’un point de vue conduction de la chaleur le polystyrène est à 0,05 et cette peinture 0,03)
Un dernier ou j’ai finalement pu trouver un prix (http://en.item.rakuten.com/tsukasa-giken/casbee-01/) à 26€ l’échantillon de 1L (soit 2m²) ça fait fait 13€ du m², alors imaginez pour un saut de 20L.

edit : après petite vérification, je trouve de l’isolant classique pour 25-70 € du m² (et 100mm d’épais) ça semble donc correct. Mais là ça prend juste un coup de pinceau et pas de place surtout (0,8mm).


Pourquoi je post ça ?

Parce que ces initiatives sont trop peu remarqués, qu’on parle beaucoup d’isolation et des problèmes que ça pose, quand avec cette technologie ça serait tout à coup assez simple.

Et puis les autres cas valent également le coup d’œil ^^

Faire émerger le réseau des Fab Labs en France

Le 9 décembre avait donc lieu à la Cité des Sciences et de l’Industrie, une journée animé par la Fing et consacrée à ces lieux à peine émergeant en France : http://fing.org/?page=evenement&id=250
Mais laissez-moi vous faire le récit/compte-rendu de cette fablabuleuse journée que j’ai failli rater.

Les marches gelées d’un coté de la Citée

En effet ça commençait mal, non parce qu’il avait fallut se lever à 4h45 en vue de prendre le train, mais avec le froid le portail était complétement gelé. Les chemins de fer souffraient aussi de cette météo, le tgv ne pouvant rouler qu’à 230km/h et s’arrêtant même parfois au milieu de la voie (mais c’était pas plus mal pour dormir et pas arriver trop en avance).
Dans l’entrée de la Cité des Sciences un vigile contrôle nos sacs mais nous empêche d’aller plus loin : « c’est à 9h, c’est trop tôt. » (il était 8h45). On était plusieurs à attendre impatiemment, acceptant tant bien que mal cette absurdité…

Mais ces soucis ont été rapidement chassé par une journée pleine de chouettes rencontres, c’est quand même rassurant de pouvoir se retrouver avec 120 personnes qui partagent un intérêt pour les Fab Lab, on se sent moins seul tout à coup… Et de voir les affiches annonçant la journée, on a même l’impression que ça y est, cette fois c’est tangible, le mouvement existe vraiment quoi !

affiche récupérée en partant, comme preuve de la rencontre
et pour futur décoration d’un Fab Lab

Le but de la rencontre était donc de réunir tout ce monde là, pour se faire rencontrer les gens, provoquer des possibilités, des initiatives (j’ai d’ailleurs rencontré quelqu’un de Nancy ^^) et que le mouvement commence à réellement s’organiser.

J’ajouterai peut-être les 6 pages de notes prises sur la journée, en attendant vous pouvez déjà profiter des photos (parfois un peu floues).

Jean-Michel Cornu et la présidente d’UniverScience
« what’s your pride ? »

Quelques tableaux de Peter Troxler sur les Fab Labs qu’il a pu étudier.
(vous pouvez retrouver son article complet par ici)

« what’s your pain ? »

 Nicolas Lassabe, présentant Artilect, le premier Fab Lab de France (il y en a d’autres, mais c’est le premier qui répond à la charte proposée par le MIT)

Net-Iki l’association intervillages du Jura, qui ouvrira aussi un FabLab

Bearstech/Hackable Devices qui présentait la MakerBot

Et plein d’autres trucs sympa dont je n’ai pas d’images mais plein de notes.

Vue sur la salle des machines

Après une table ronde animé par Stéphanie de Nod-A, petit tour dans le coin des machines 🙂
Il y avait une makerbot, ainsi qu’une Up!. C’était pas mal de pouvoir en voir une en vrai, après les quelques échos entendu sur Internet…je peux vous dire que c’est une superbe petite machine (ok elle est « fermé », vous n’aurez pas le plaisir de la fabriquer, mais elle est impressionnante… les chinois ont réussi à mettre au point une version commerciale de la reprap qui pour 3000$ vaut facilement une machine à 15k€). Pour le coup c’est la première qui peut vraiment se targuer d’être une « desktop 3D printer » (surtout quand les 100 premières étaient vendues à 1500$).

La Up!
Et quelques exemples de pièces imprimées par celle-ci

L’utilisation de support permettant de réaliser des pièces dont une partie est normalement dans le vide, il m’expliqua que si on voulait on pouvait même imprimer plusieurs étages de pièces (mais en perdant en qualité).
Rassurez vous cet avis n’est pas sponsorisé (j’aimerai bien^^), je tenais simplement à reconnaître la qualité de cette machine dont beaucoup se méfiaient au départ.

L’interface du logiciel de la Up!
Bilan de la journée :
une tasse imprimé et plein de cartes de visites, il faudra d’ailleurs que j’en ré-imprime ^^

Après le financement il y a trois enjeux qui semblaient revenir souvent, la documentation du FabLab et des projets qui y sont menés, afin que le transfère de connaissances soit effectif ; le réseau, chaque FabLab est unique mais il est rattaché à un réseau mondial qu’il faut entretenir ; et la communauté, qui est un élément important au cœur de ces lieux et sans laquelle ils ne pourraient exister.

Sinon en plus des intervenant j’ai eu le plaisir de discuter avec Frédéric Baer, Abel Faïd (de collaboratif-info), Loïc Fejoz (ingénieur à Nancy essayant de monter un FabTechSpace), Thierry Lebigre et Minh Hoang (importateurs des Up! 3d Printer), des étudiants de l’association « Le Garage » de St-Etienne (vive le libre !), Emmanuel Laurent, Samuel Javelle (un autre étudiant ayant passé un DSAA récemment), que je salue au passage, ainsi que les autres personnes qui participaient aux échanges. Et merci à la FING d’avoir organisé ça 🙂

Donc au final malgré les quelques soucis (comme la perte de ma carte sncf 12-25 et d’identité…), ça valait quand même bien le déplacement ^^

Bon vivement que je puisse imprimer à nouveau des pièces ; il va y avoir beaucoup de kit à fournir en France !

Allez également lire le compte-rendu de nod-A et celui de la FING 🙂