48h pour innover // Retour d’expérience

Cette semaine avait lieu les « 48h de l’innovation ». Partenariat international entre l’ensgsi et différentes écoles, au service des quelques entreprise qui sponsorisent cet événement : Oxylane (Décathlon) avec les marques passion Kalenji et Artengo, EDF, OrangeLabs et peut-être d’autres que j’ai oublié…

Les chaises musicales, parfait pour faire un peu de cohésion de groupe et se réveiller le matin :p

L’opération mobilisait donc environ 5-700 élèves sur 3 continents et plusieurs écoles d’ingé comme dit la plaquette (http://48h-international.wikispaces.com/) de quoi bien brainstormer 🙂

Bref, petit retour constructif de la semaine :

Les approches ingé/design

Les groupes de l’école étaient constitués d’élèves ingénieurs de chaque année (1ère, 2ème, 3ème) et d’un master pour un total d’environ 10 personnes. C’était la première fois que je me retrouvais ainsi intégré dans une telle équipe, et je comprend mieux a présent la caricature que l’on fait parfois de la différence entre ingénieurs et designers.
Sans vouloir perpétuer le cliché j’en ai donc profité pour observer comment la séance se déroulait tout en y participant (après les cours d’épistémologie cette posture n’en était que plus consciente).

Mon impression est que les méthodes de créativité enseignées, que l’on cherche ensuite à suivre et appliquer rendent le processus trop mécanique. Avec l’utilisation d’outils dans des temps bien spécifiques (par exemple brainstorming, puis analogie, puis raisonnement par inversion, etc).
Quand j’ai l’impression que le processus en design est beaucoup plus instinctif : les idées viennent quasiment toute seules, ce n’est qu’après coup que je me rend compte que tel ou telle émergence est de type inverse/analogique/etc. (ces outils deviennent par contre très intéressants en cas de manque d’inspiration)

Ceci vient peut-être des élèves qui, n’ayant pas encore incorporés ces outils, auraient tendance à suivre ces formats. C’est vrai que lorsqu’on nous donne un outil relativement efficace, le processus de conception tend à s’appuyer dessus au lieu de les intégrer pour les utiliser à sa manière. Sur le coup ceci me fait penser à l’enseignement en Arts Appliqués, qui met plus l’accent sur le développement de chacun, quand à l’inverse la formation d’ingénieur serait basée des méthodes, plus facilement réplicables/mesurables (bien qu’à présent le cursus intègre de plus en plus une dimension de parcours personnel).

Une question d’équilibre

Si la créativité ma donc paru un peu laborieuse au départ il faut néanmoins reconnaître que notre groupe aura quand même généré ainsi une centaine de concepts en deux jours !
Après je ne peut m’empêcher de penser que dans cette quantité le taux d’idées intéressante reste assez faible (beaucoup d’idées absurdes même si c’était marrant ^^). Ce qui me rappel justement un article de LateralAction(1), discutant du fait de se lâcher au moment d’un brainstorming, aucun jugement c’est bien mais garder un minimum d’esprit critique permet aussi d’aller plus vite vers les idées véritablement intéressantes.
Le design aurait donc peut-être une approche plus équilibrée, un peu moins dans la quantité, mais avec des propositions synthétisant d’emblée les nombreuses contraintes possibles du sujet (enfin c’est comme ça que je le vie en général).

L’importance du dessin

Ensuite vient l’expression de l’idée, où le dessin prend toute son importance.
Et la personne qui se débrouille le mieux devient rapidement « celui qui tient le crayon », et donc indirectement le leader du groupe tout en dessinant chaque suggestion. Mais pendant cette phase il faut faire attention de ne pas trop monopoliser le rôle pour plus facilement laisser les participant eux-même dessiner leur idées (ce qui en évite une interprétation, qui peut parfois être inexacte).

Du coup j’ai trouvé que notre groupe était plutôt dans un mode collaboratif auto-géré relativement équilibré (même si courbaturé d’avoir fait la plupart des dessins).

Autre fait intéressant : un designer passait de salle en salle pour un court moment et justement dessiner rapidement les idées que l’on voulait (donc en aval du moment de l’idée mais encore dans la phase créa). Dans d’autres groupes certains faisaient l’effort de dessiner et l’on voyait bien la différence avec ceux où ce n’était pas le cas, les encadrants rappelaient d’ailleurs régulièrement que les mots seuls ne servaient qu’à rebondir pour créer des concepts que le dessin permet justement de développer, préciser.

Je vous aurais bien montré nos concepts pour les sports de raquette, puisque notre groupe travaillait sur la thématique Artengo, mais toute la production est censée être confidentielle et appartenir aux industriels d’après le règlement (bien que je n’ai signé aucun NDA, on évitera de faire du bruit au cas ou…)

La présentation

Ensuite le 3ème jours, chaque groupe présentait deux concepts (dont un issu de la collaboration avec un groupe étranger) en 5 minutes…
Le « percept » comme ils appellent la courte présentation qui doit faire percevoir le concept (on ne discute pas faisabilité à cet étape) prenait souvent la forme d’un sketch et cette fois on retrouvait bien l’esprit ouvert de l’école (loin du cliché ingé pour le coup j’ai trouvé). Tout ayant été filmé on devrait pouvoir même accéder aux présentations des autres pays (et notamment voir comment la même idée a été développé/présenté ailleurs).
Les industriels étaient plutôt contents de voir nos suggestions, ces questions étant également traitée en interne, le décalage qu’on pouvait avoir apportait ainsi un intérêt nouveau.

Enfin voila pour cet avis personnel, petit constat facile sur les disciplines qu’on oppose parfois et les leçons sur le dessin que nos professeurs nous rappelaient (avec raison). On attend les résultats à présent avec la remise des prix le 20 novembre, curieux de voir ce que ça donnera 🙂

(1) [edit 08/11] J’ai retrouvé l’article en question http://lateralaction.com/articles/brainstorming/ qui met bien en avant les pour/contre du brainstorming, et avec un intéressant passage de Kevin Kelly (IDEO) confirmant que c’est un outil formidable, mais malheureusement souvent mal employé : le brainstorming solitaire semblant mieux adapté et surtout plus rapide, avec ensuite une mise en commun (c’est drôle, on avait justement commencé ainsi le premier jour mais avec un partage des idées le long de la journée).

[edit 26/03/12] http://www.internetactu.net/2012/03/20/au-dela-du-brainstorming/