Design + Entreprise // Nouvelles initiatives

Quand on parle du métier de designer, en France, on est parfois pessimiste : « les entreprises ne comprennent pas l’intérêt », « les designers doivent expliquer ce qu’ils font », « pour les gens ça n’est que de la déco »… du moins ce sont des discussions que j’ai régulièrement entendu.
Si l’association design+entreprise donne souvent quelque chose de positif, le soucis est de faire se rencontrer les deux parties…

Et justement il y a quelques éléments qui me sembles être des signes intéressant quand à l’évolution de cette relation design-entreprise :


Entreprise et Design

Vous le connaissez sûrement, c’est le site officiel pour la promotion du design (les Sismo y ont d’ailleurs participé). Celui-ci est assez pédagogique, plutôt orienté en direction des entreprises, avec des vidéos expliquant l’intérêt de faire appel au design et des témoignages encourageants.

Design Keys

Récemment je suis tombé sur ce site, qui annonce clairement en page d’accueil :

Vous êtes sur une plate-forme collaborative sur laquelle vous pouvez trouver, apporter et partager toute clef utile au sujet du design. Pour participer il suffit de vous créer un compte pour commencer à créer des articles ou à discuter.

Un concept qui manquait peut-être ici, si il n’y a pas énormément de monde pour le moment on pourra quand même y trouver plein de trucs utiles et y ajouter les siens. C’est d’ailleurs via ce site que je suis tombé sur les trois suivants, qui ont eux pour but de mettre en relation entreprise et designers.

With Designers

Celui-ci également est assez soigné (d’où un CSS Award bien mérité).
Il propose aux designers d’y avoir un portofolio gratuitement, un abonnement permettra ensuite de répondre à des appels d’offres sélectionnés (on évite la dérive des) et d’envoyer un devis, tandis que le compte permettra de gérer ses devis/contacts/paiements…

Voir d’ailleurs ce post de Design Keys qui en fait bien le tour !

Go2Prod

Un peu dans le même esprit.
Je vous conseil également de lire cet avis de Nicolas Minvielle qui expose des remarques à propos de ce type de service, et une réponse de François-Xavier Faucher (le président de Go2prod).

Widilik

Et enfin ce dernier, qui n’est pas encore ouvert, mais dont j’aime bien la page.

Amusant de voir que ces sites, qui ciblent plutôt un public francophone, ont un titre/sous-titre anglais (bon faut avouer que c’est quand même plus classe).

Le marché pour créer des liens entreprise-design semble ouvert, étant encore étudiant je ne me vois pas encore aller jusqu’à passer par un intermédiaire, mais après tout pourquoi pas… les futurs anpe du design ?
En tout cas ça fait évoluer le paysage du design et c’est toujours encourageant pour la place qu’il occupe ici 🙂

De votre coté, qu’en pensez-vous ? Une bonne idée, du point de vue des designers ? Des entreprises ? Seriez-vous prêt à passer par ce type de plate-forme ?

Beurrier open-source

Après l’explication du raisonnement m’ayant amené à faire un beurrier, voici l’objet et son making-of détaillé 🙂

Ce petit exercice de conception m’aura occupé pendant quelques soirs/week-ends, à se demander comment devrait-être un beurrier ?


– Sachant déjà qu’il sera fabriqué en argile (et donc des épaisseurs minimum et un taux de retrait à ne pas oublier)
– Et puisque au départ il ne m’était pas destiné, il faut aussi que ce beurrier soit le plus simple possible à réaliser.
En vue de pouvoir le faire faire aux gens, par exemple dans le cadre d’un atelier de poterie comme c’était le cas ici, pour s’équiper et donc éviter les barquettes jetables comme on a vu précédemment.

Voici la version originale réalisée par Domi :

Ce modèle déjà plutôt sympa était malheureusement trop petit, donc en plus de la « réaction aux emballages » le but était également d’essayer de faire une 2ème version améliorée.

Avec une rapide analyse du besoin et de l’existant on peut établir et compléter le cahier des charges tout en esquissant rapidement quelques concepts.

Comment maintenir un morceau de beurre en place ?
(sans oublier conservation, manipulation, transport, estime, etc.)

L’idée se précisant, une modélisation 3D permet de mieux définir l’objet, et de faire un petit rendu pour montrer à quoi il pourrait ressembler.

Et d’aussitôt modifier quelques détails (sur cette première version les épaisseurs de la base n’étaient pas constantes par exemple).

L’avoir modélisé offre également la possibilité d’utiliser des techniques de prototypage rapide. Et justement j’avais l’opportunité d’avoir accès à une imprimante 3D ^^
Du coup après avoir donné mon fichier et patienté quelques jours, j’ai pu récupérer une version « imprimé » (par dépôt de fil pour être exacte).

Cette fois on à plus une image mais carrément l’objet tel qu’il serait.
Habituellement je procède surtout par maquettes, chaque itération permettant d’affiner l’objet et tester des choses en direct.
Seulement dans ce cas ça aurait été difficile, ne pouvant passer qu’une seule fois à l’atelier pour en faire un en argile, il fallait que la version à fabriquer soi la bonne… cette occasion tombait donc à point.

Après quelques derniers ajustements on était prêt, les vacances de Pâques furent l’occasion de le faire pour de bon, en argile cette fois.

Les éprouvettes de test pour calculer le taux de retrait attendu, selon le type d’argile que l’on aurait choisit (environ 6-10%)

On commence par l’impression des patrons à l’échelle 1:1 et puis découpe/pliage/façonnage… (la simplicité de fabrication vient de cette fabrication à plat puis mise en forme avec une cale)

Dans l’idée ce n’était donc pas très compliqué, mais il faut reconnaître que dans la pratique (et pour une presque première fois) il n’était pas évident d’avoir des bords aussi droit ou arrondis que prévu ^^’

Ensuite séchage…

…et hop quelques semaines plus tard, une fois cuit et soigneusement poncé par Domi :

(« plus tu ponce plus le maquette il est beau » comme on dit à Jean Perrin)

Et encore une semaine plus tard…

Tadaaa ! Avec un bel émail (par trempage).

Au final on a donc un objet assez simple, qui maintient le beurre en place grâce à la rugosité de l’argile (la base étant laissée brute) et de deux butés dans le sens de la longueur, les butés servant surtout à empêcher le couvercle de se déplacer dans les deux sens possibles de translation.
Tandis que deux encoches sont présentes sur les flancs du couvercle pour faciliter sa préhension.

Quand au socle sa forme permet de facilement prendre le tout, et maintenir le couvercle en place le temps du transport frigo-table (l’espace étant suffisant pour glisser la main dessous)

Et woila, bon appétit 😀

Pour finir, il y a deux possibilités de fabrications :

1) Avec une imprimante 3D, même si elles ne sont pas encore aussi répandues que les imprimantes classiques, les modèle comme Rep-rap sont abordables et se multiplient de plus en plus. Certains comme le studio Unfold on même réussi à imprimer de la céramique avec !
Il existe d’ailleurs déjà des bases de données d’objets prêt à être imprimés, et l’on peut retrouver du coup ce beurrier sur Thingiverse (ce qui explique le titre du post, héhé tient d’ailleurs c’est peut-être le premier beurrier open-source) 🙂

2) Ou plus classiquement, en reprenant les plans et avec un peu  d’argile. En allant dans un atelier local (allons il y a bien une activité de poterie pas loin de chez vous) ou sinon peut-être aussi avec l’argile auto-durcissante que l’on trouve dans les magasins de fournitures créatives.

Voila donc pour ce fameux beurrier, qui finalement aura été au croisement de pas mal de choses…
J’aurai d’ailleurs bien envie de poursuivre cette thématique autour de tout ce qui est auto-production, open-source et do-it-yourself, peut-être l’an prochain pour le master2, qui sait ? ^^

« Spaces for Ideas » ou le carnet expansible

Avant d’attaquer les fiches de projet, commençons la semaine avec un curieux objet…

Avec l’arrêt des transports aériens (rappelez vous ce fameux volcan) j’avais quelque peu oublié cette commande particulière, mais il y a environ deux semaines un courrier en provenance de Singapour m’a apporté ceci :

Comme vous pouvez le remarquez il s’agit d’un carnet, assez simple au premier abord.

Mais pourtant très astucieux, car les pages de celui-ci sont en fait de grandes feuilles repliées ^^

Parfois je me dit que c’est le genre d’idée qu’on à tous voulu expérimenter en Arts Appliqués, mais ici tout est finement mis au point.
Comme avec la reliure, comprenant des épaisseurs de carton pour compenser le décalage entre chaque feuille. Le juste nombre de page pour ne pas tout déformer (le premier proto était très épais), etc.

Ce projet à été réalisé et est a présent commercialisé par le designer Brian Ling. Mais c’est tout ce qu’il y a derrière l’idée qui me semble intéressant, ce qui à fait qu’elle a vu le jour et a pu être réalisée.
On a pu en suivre le cheminement, toutes les étapes de sa création, des premiers croquis au branding (« conçu pour les gens qui n’ont pas peur des grandes idées » ça c’est du slogan ^^) en passant par les divers prototypes puis enfin la réalisation en petite série…

Ainsi, au-delà des remarques et commentaires des lecteurs cette commande était une sorte de contribution à cette histoire qui m’a plu, on a adhéré a ce sympathique projet, on avait envie d’en prendre un.

Mais allez donc voir la genèse de ce projet dans son contexte :

1) spaces for ideas, the beginning
2) spaces for ideas, the first prototype
3) spaces for ideas, the brand
4) spaces for ideas, the final prototype

Sinon le reste de son blog (en anglais) mérite vraiment le détour 🙂